PRETRES SPORTIFS
PERE JACKY MARSAUX

             L’abbé court le marathon

On le connait vêtu de sa robe d’abbé, moins de son short et de sa paire de baskets. Jacky Marsaux est pourtant un sportif accompli,qui courra le 1er Mai son 29ème marathon.

Qu’est-ce qui fait courir Jacky Marsaux ? Depuis plus de 30 ans maintenant, l’abbé chausse les baskets, et arpente les routes et les chemins de campagne des paroisses qu’il traverse. Marathonien infatigable, il courra le 1er Mai son 29ème marathon. Un parcours sportif hors-norme, pour un homme qui vit l’effort physique comme une expérience spirituelle.

Compétition depuis 1994

A l’origine, il courait pour décompresser, là-bas, au séminaire à Paris, dans les Jardins du Luxembourg. Avec des amis prêtres, il a en effet pris plaisir à parcourir quelques petits kilomètres en courant. Une dépense physique qui agit sur lui comme une thérapie de la concentration : “ Je terminais alors ma maîtrise de théologie, mais j’avais des problèmes de concentration qui m’empêchait de travailler. Je me suis alors rendu compte que courir améliorait mes capacités d’attention, non seulement au travail intellectuel, mais aussi mon atention aux autres”. Alors, de petites foulées en distances de plus en plus logues, l’abbé Marsaux s’affûte. Ses compagnons de course remarque son évolution, et lui lâchent un jour une phrase qui va révolutionner sa pratique de la course à pied : “ Tu as un physique de marathonien” lui disent t’ils en effet. Alors, il décide de franchir le cap qui sépare le loisirs de la compétition. En 1994, le voilà sur la ligne de départ d’un 10 kilomètres, à Amiens la Hotoie, au parc de la Hotoie. Première compétition, et première rencontre insolite et marquante. Comme beaucoup d’autres qui jalonnent son parcours marathonien. Là, à l’arrivée, un jeune homme l’aborde et lui dit : “ Il paraît que vous êtes pretre. Je pourrais vous poser des questions sur la Bible ? ”. Une relation s’engage alors avec ce coureur, qui reviendra régulièrement interrogé l’homme d’Eglise sur la foi. Finalement, il demandera à Jacky Marsaux de le bâptiser.

Entre 30 et 70 kms par semaine

L’année 1995 marque le franchissement d’un cap : celui du 1er marathon : “ Je l’ai terminé. D’ailleurs, j’ai terminé tous les marathons que j’ai courus” déclare t’il sans fioriture aucune. Et ce fameux mur des 30 kms, redouté par tous les amateurs de la pratique ?  : “ Je n’ai jamais eu de soucis avec le mur des 30 kilomètres. J’ai appris la gestion de mon effort, et un entraînement adapté”. D’ailleurs, l’abbé ne s’est pas limité à 42 kilomètres. En 2004, il court un 100 kilomètres, en Vendée. Aujourd’hui, il n’a pas réduit le rythme, et s’entraîne 2 à 3 fois par semaine : “ Je cours entre 30 à 70 kilomètres chaque semaine, selon que je prépare ou non une compétition”. C’est le cas en ce moment, puisqu’il courra le 1er Mai prochain son 29éme Marathon, près de Melun. Une nouvelle étape dans son parcours sportif, qu’il associe à une expérience spirituelle : “ Courir permet de prendre le temps de se poser, de voir la vie autrement et de savourer les choses banales de l’existence. Cela permet de remettre les choses dans leurs proportions”.

237 partants  pour la 22° édition des 100 kms  de Chavagnes au week-end de l'Ascension 2009. 150 arrivants.

 

Qu'est-ce qu'on a dans la tête "quand on part à 5 heures du matin et qu'il fait encore nuit?"

Jacky Marsaux,  un prêtre dans la course, s'en expliquait dans l'édition 2004.

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L'abbé Jacky Marsaux, venu de Picardie, participait le 22 mai 2004 aux 100 kms de Vendée (parcourus en 10 h 22'11", classé 91è sur 240 arrivants et 51 abandons). Après la course, et toujours en forme pour participer à la messe du samedi soir, il a répondu à quelques questions pour l'hebdo « Echo de l'Ouest ».

Question: ": Vous courez comme d'autres font du vélo ou du foot... Quand avez-vous commencé ?"

Jacky Marsaux : Pour le sport, je suis plutôt une « vocation tardive ». Au collège et au lycée, j'étais à peu près nul en sport. Plus tard, au séminaire à Paris, j'avais besoin de « « décompresser » et j'allais courir dans les jardins du Luxembourg. Mon frère Etienne, qui faisait déjà de la course à pied, m'a invité à courir avec lui sur une boucle de dix kilomètres à travers la campagne. J'ai eu du mal à terminer. J'avais 24 ans.

Question : La course à pied fait appel aux seules ressources de l'homme. C'est un espace de liberté, sans artifice. Est-ce qu'on ne se mesure pas d'abord à soi-même, dans une manière de s'envoyer des défis ?

JM : Oui, chacun est face à soi-même, avec ses propres ressources. Quand au bout de 80 km, les jambes deviennent lourdes, avec le vent de face, « il faut y croire ». Ce cri d'encouragement, je l'ai entendu sur le bord de la route et aussi de la part d'autres coureurs. Mais croire, sur le chemin d'un chrétien, n'est-ce pas la même chose : avancer envers et malgré tout pour aller jusqu'au bout de soi-même ? Je réalise aussi qu'il y a un parallèle avec une vocation dans l'Eglise : les autres m'ont aidé à aller au-delà de ce que j'estimais possible. L'aide des autres y est pour beaucoup et la grâce de Dieu plus encore.

Question : Qu'est ce qu'on a dans la tête quand on a pris son rythme et que le paysage défile ? Un bonheur, un sentiment de communion avec la nature ou les yeux rivés sur le chronomètre?

JM : Quand on part à 5 heures du matin et qu'il fait encore nuit, c'est le temps de la contemplation. Quand le ciel s'éclaire, c'est la prière en communion avec ceux qui souffrent et qui souvent ont mal dormi. Le moment où le jour se lève est souvent difficile pour eux. Ensuite, c'est le temps de rendre grâce pour la beauté de la nature en traversant la forêt. Le temps de rendre grâce surtout d'être en bonne santé. Je pense aux personnes qui souffrent en raison de la maladie ou d'un handicap. Plus tard, c'est une simple prière d'offrande de la fatigue qui avance avec les kilomètres.

Question : La course à pied : un sport que vous pratiquez en individuel ou un lieu pour partager avec d'autres une même passion.?

JM : J'apprécie beaucoup la détente ensemble et la convivialité lors des entraînements. C'est aussi un moment pour décompresser, avec quelques séances plus exigeantes pour progresser. Et puis c'est parfois le temps des confidences parfois de celui qui court à côté de vous.

En compétition, c'est un parcours que l'on fait avec les autres et grâce aux autres, grâce aux bénévoles et aux personnes présentes le long des routes. On se sent vraiment ensemble, communiant dans un même projet.

Question: Un ancien archevêque de Bordeaux, le cardinal Eyt écrivait :« Ma fonction pastorale n'exclut pas dans ma vie d'autres passions qui sont autant de coups de sonde pour un accès à l'extraordinaire richesse de la création. Il faut encourager la contemplation du monde et répandre l'enthousiasme pour la beauté dans une société transie de peur. C'est le devoir du chrétien à cause du Christ et de tout homme à cause de l'homme." Quel lien faites-vous entre cette discipline sportive et votre ministère de prêtre ?

JM : J'y vois une expérience humaine forte et un lieu de proposition de la foi. D'abord, le corps n'est pas qu'une machine, un instrument. Il ne peut pas mentir. J'aime à rencontrer les autres sur ce terrain où je suis de plain-pied sans que la fonction constitue une barrière. Je pense à ceux qui ne fréquentent pas ou peu l'Eglise. C'est la gratuité du témoignage. Un adulte qui courait avec moi, en sachant qui j'étais, en est venu à se préparer au baptême. Pour moi, c'est aussi un équilibre de vie. Quand j'ai pu courir en fin d'après-midi, vers 17 h, je me sens d'autant mieux en forme pour les réunions prévues le soir. J'ai remarqué surtout que cela m'ouvre bien des portes dans l'exercice de mon ministère. L'humanité du prêtre fait partie du témoignage.

Question:  Vous venez de courir à Chavagnes, dans cet espace où des fondateurs d'ordres religieux comme Louis-Marie Baudouin ou Pierre Monnereau ont appuyé leur spiritualité sur l'Incarnation : « Dieu venu en notre chair pour la sauver »... Ne pensez-vous pas que notre époque a besoin de retrouver le vrai sens du corps ?

JM : Dans notre société, le corps est facilement considéré comme un objet, un instrument. La tradition biblique montre un autre chemin, un chemin d'épanouissement de la personne toute entière. Une pratique sportive offre une chance pour en faire l'expérience. L'unité corps-esprit est fondamentale. L'esprit oriente la conduite corporelle et le corps contribue au bien de l'esprit. Je repense souvent à cette phrase de saint Paul : « Glorifiez Dieu dans votre corps » (1°lettre aux  Corinthiens  6, 20).