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TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU
CESAR SAMPAIO

               Le porteur de piano brésilien

    Mondial 98. Cesar Sampaio à la gloire de Dieu et du Brésil. Le demi-défensif de l'équipe championne du monde trouve sa force et le sens du but dans sa foi de pentecôtiste. Il jouait contre les Pays-Bas, mardi soir, avec un sérieux espoir de se qualifier pour la finale.

D'habitude, ils s'embrassent. D'habitude, ils dansent. D'habitude, ils s'étouffent. Ivres de victoire, fous de joie, heureux d'avoir transpercé la défense adverse, d'avoir eu raison du dernier rempart de l'équipe adverse, les buteurs sont généralement démonstratifs. Voire excessifs dans leur démonstration. Lui, non. Les genoux plantés dans le gazon, au beau milieu de la surface de réparation, les bras offerts au ciel, les yeux écarquillés vers l'infini, le porteur du numéro cinq « auriverde » prie, seul, devant des milliers de spectateurs, des millions de téléspectateurs. Cesar Sampaio est comme cela : footballeur, brésilien et pieux. « Chrétien », précise-t-il. Pentecôtiste, plus précisément encore.

10 juin, Stade de France, 21 heures et des poussières. La « selecçao » brésilienne, victorieuse de l'épreuve précédente, affronte les robustes Ecossais. Le Mondial français est commencé exactement depuis trois minutes et quarante-huit secondes. Bebeto est au corner. On se bouscule devant les cages écossaises. Un homme au crâne rasé, tout juste trentenaire, à la carrure imposante, jaillit. Tête (ou plutôt épaule). But. Les experts en football saluent certes le geste : ce but est le premier du Mondial 98, le 1585e marqué depuis les débuts de la Coupe du monde en 1930. Pour aussitôt ranger le demi-défensif parmi les seules statistiques. Tous attendent le jeune Ronaldo, le « goleador » du Milan AC, le fiancé de Suzanna, l'homme-sandwich de Nike.

Cesar Sampaio, lui, est un inconnu. Six mois encore avant le Mondial, Flavio Conceiçao, qui évolue dans le championnat espagnol, paraît indétrônable. Mais une blessure et un « manquement à la discipline » l'éloigneront des tablettes du sélectionneur brésilien. Lequel ne pensait sans doute pas faire une aussi bonne affaire avec Cesar Sampaio. Depuis le début des hostilités footballistiques, Cesar le pieux éclipse les Ronaldo, Dunga et autre Taffarel. Ses trois buts n'y sont pas pour rien.

Alors trois fois, déjà, le « porteur de piano » _ le nom que donnent les Brésiliens au demi-défensif, ratisseur de ballons _ s'est agenouillé et a remercié Dieu. « Parce que tout émane de lui, précise « l'athlète du Christ ». Je le remercie pour toutes les émotions qu'il m'a procurées, le cadeau qu'il m'a offert. Nous devons continuer à travailler et perfectionner le don que Dieu nous a donné. »

Partout, à l'entraînement, comme en match, dans le bus ou dans les vestiaires, Cesar Sampaio glorifie Dieu. Basile Boli, qui fut son partenaire au Yohama Flugers, une équipe du Japon, dit de lui qu'il ne quitte jamais la Bible. Et lorsqu'il ne se plonge pas dans les Saintes Ecritures en papier, c'est sur son ordinateur qu'il lit et relit l'Ancien Testament. Tous les jours depuis dix ans. « J'avais 20 ans lorsque j'ai rencontré Dieu, confie-t-il aujourd'hui. Depuis, tout a changé. Ma vie a changé de direction. Elle a trouvé un sens. » Depuis, raconte-t-il encore, « nos croyances reposent sur les vertus du travail. Nous sommes là avec une mission à remplir, un devoir à accomplir. Dieu a voulu cela et nous avons à respecter ce devoir ».

La visite d'un pasteur deux fois par semaine

Il dit « nous » parce qu'il n'est pas seul à porter haut et fort ces convictions. Parmi les 22 Brésiliens exilés en France le temps d'un Mondial, les évangélistes sont au moins quatre.

Outre Cesar Sampaio, Claudio Taffarel, Rivaldo, Giovani et Zé Carlos se disent « hommes de foi ». D'ailleurs, le gardien de l'équipe championne du monde témoigne volontiers de cette foi dans une publication française et évangéliste. « Lorsqu'on est le dernier homme entre le ballon et la cage des buts, on ne peut pas se dérober. Un jour nous devrons tous comparaître devant Dieu, en cet instant-là, il n'y aura aucun moyen de se cacher. Voir Dieu face à face et survivre ne sera possible que si l'on accepte d'abord Jésus-Christ comme Sauveur personnel. » Pour nourrir et fortifier leur foi, les cinq « auriverde » accueillent deux fois par semaine, dans le camp d'entraînement retranché de Lésigny (Seine-et-Marne), un pasteur. Là, dans une tente adjacente au château de la Grande-Romaine, ils lisent la Bible, prient et chantent sur les airs de l'orgue portatif de Claudio Taffarel. Cette foi, cette communion, ils veulent la partager avec tous. Et notamment avec le jeune Ronaldo. Cesar Sampaio dort dans la même chambre que lui.

                     article de Didier Hassoux paru dans le journal : La Croix 08/07/02