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TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU
DANIELE PIOT

               Marathon : Glorifier Dieu dans son corps

Je suis persuadée que je ne serais pas arrivée à réaliser les performances que j'ai accomplies en compétition si je n'avais pas eu plaisir à m'entraîner. Le plaisir est quelque chose de réel, de positif qui nous pousse à vivre.

Pour m'entraîner, je pars souvent de la maison : j'emprunte les routes ou les chemins de mon village, parcourant une boucle de dix à quinze kilomètres. Sur un parcours, je croise souvent des personne que je connais et, qui me voyant courir par tous les temps, me disent toujours : " vous avez bien du courage. " Je leur répond aussitôt : " Ce n'est pas du courage, mais du plaisir. " Alors, ce plaisir, quel est-il ?

La course à pied développe et affine les sensations. Face à ce jaillissement de vie en soi et dans la nature, comment ne pas s'émerveiller, louer et rendre grâce ? L'être tout entier est en fête, parce qu'il participe à cette symphonie. Oui, la joie est dans la simplicité, dans l'accueil de cette nature en fête, de cette lumineuse harmonie qui nous environne.

Je vous invite maintenant à entrer dans le monde de la compétition. Le plaisir est toujours là, parfois plus fort et plus intense. Plaisir de progresse, d'allonger les distances, d'améliorer son temps : plaisir de l'effort, du dépassement.

Quand j'ai participé pour la première fois à un marathon, je ne l'avais pas vraiment préparé. Or il se trouve que je l'ai couru en trois heures vingt sans connaître de passages à vide. J'en ai gardé un souvenir extraordinaire et cela m'a donné envie de recommencer. J'ai alors pris conscience de mes possibilités, de la formidable énergie qu'il y a en nous et dont nous n'utilisons le plus souvent qu'une petite partie. Comment ne pas éprouver du plaisir, de la joie à l'idée d'avoir repoussé ses limites, de s'être dépassé ? On en retire toujours beaucoup de confiance : confiance en ses possibilités, en cette vie qui nous habite. En se battant contre soi-même, on découvre un plaisir plus grand qu'un bien-être passager : plaisir et douleur ne sont pas contradictoires.

Il y a aussi en compétition le plaisir de l'amitié, de la communion fraternelle : retrouver des amis que l'on ne rencontre que le jour de la compétition, plaisir de se retrouver, d'échanger des impressions, plaisir de partager le même effort, plaisir déjà tout simple de se qualifier pour participer à des championnats de France.

Quand j'ai gagné le marathon de Grenoble, et qu'on m'a offert le voyage pour aller faire le marathon de New-York, j'ai été très heureuse. J'ai pu goûter le plaisir, la joie de me retrouver sur la ligne de départ à côté des meilleures athlètes internationales. Puis, le départ donné, ce fut un plaisir de parcourir quarante deux kilomètres en étant portée par les applaudissements ininterrompus de la foule : trois rangées de spectateurs de chaque côté, des gamins heureux de nous tendre un verre d'eau, l'entraide entre coureur dans les moments difficiles, franchir la ligne d'arrivée dans une ville en fête, en accomplissant une performance, communier avec le public qui nous a encouragées et portées. On entre alors dans des moments de plénitude tellement les sensations sont intenses et fortes. La compétition est alors un moment de grande émotion personnelle et collective, où l'on célèbre ce qu'il y a de meilleur en l'homme.

Je conclurai ce témoignage en disant que : oui, le plaisir éprouvé dans le sport peut devenir chemin de vie, dans la mesure où il permet de retrouver sa place dans le jeu des corps, des mouvements et des audaces de la dynamique de la vie. La vérité du sport, c'est une manière d'être et de donner.

Je pense à tous ces entraîneurs qui se mettent au service des jeunes, éprouvent du plaisir à les former, à les faire progresser en leur communiquant leur dynamisme, leur confiance et leur foi dans la vie. C'est l'expérience que je vis au contact des jeunes de notre aumônerie. En ce sens, la foi sportive enrichit la foi chrétienne. Dans la pratique de la course à pied, je me suis toujours laissée porter par le plaisir, la joie de courir et par le respect que je dois à mon corps. Il m'a appris à l'écouter, à mieux le connaître, à le respecter, à le remercier. Il est devenu un ami, le plus fidèle compagnon de route. Je me suis émerveillée de ses possibilités, de son souffle, de son énergie.

Bien-être, équilibre de vie, libération d'énergie dans une vie qui devient de plus en plus sédentaire : joie de l'amitié, de l'entraide, de la communion fraternelle, plaisir d'être et de donner, voilà ce que la course à pied représente pour moi. C'est un bouquet de plaisirs, une prière que j'offre à Dieu en action de grâce et en louange pour ce souffle de vie qu'il nous donne.

" Glorifions Dieu dans notre corps " nous dit Saint Paul.