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TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU
TEGLA LOROUPE

               Le sport au service de la paix !

Je suis né et j'ai grandi dans une région vallonnée isolée du comté de West Pokot, au Kenya : la vie dans ce pays pauvre n'est pas un lit de roses. Mes parents, agriculteurs, avaient du mal à joindre les deux bouts. Nous vivions dans une maison en terre avec un toit de chaume, dormant sur des peaux d'animaux étalées sur le sol. J'ai partagé une vieille couverture avec une de mes soeurs. Je n'ai pas dormi sur un vrai matelas jusqu'à ce que j'aille au pensionnat à l'adolescence. C'est pourquoi je comprends si bien le témoignage et le message d'inclusion du pape François. Je le dis aussi en tant que sportive. J'ai commencé à courir à l'école primaire. C'est précisément parce que je courais beaucoup que j'ai été admise à Nasokol Girls, l'une des meilleures écoles de ma région. Puis je suis allé au collège de Nakuru où j'ai continué à courir. La course est devenue ma vie, pas un jeu.

En 1994, je suis devenue la première femme africaine à remporter le prestigieux marathon de New York. Quand j'étais avec mes 24 frères dans une maison en terre, je n'aurais jamais pu imaginer que j'y arriverais ! J'ai également remporté le marathon de New York en 1995. J'ai gagné le marathon de Berlin, le marathon de Londres, le marathon de Rotterdam et bien d'autres. Et cinq médailles d'or aux championnats du monde. En 2000, j'ai également remporté le marathon de Rome : une édition spéciale pour moi car c'était l'année du Grand Jubilé.

Ma vie a été complètement transformée par ces expériences. La course à pied m'a enseigné tellement de leçons de vie que je les porte toujours en moi aujourd'hui. Oui, la course à pied m'a aidé à surmonter les moments les plus difficiles et je suis un témoin de la façon dont le sport change vraiment les vies. Je suis également entièrement d'accord avec le pape François sur ce point, et j'appuie ses propos sur ma propre expérience en tant qu'athlète.

Mais je voulais faire plus. En 2003, j'ai été invité en Indonésie pour participer à une course organisée pour communiquer un message de paix après le grave attentat du 12 octobre 2002 à Jakarta, qui a causé la mort de plus de 200 personnes. Cette course pour la paix en Indonésie a été un grand succès. Cela a confirmé ma conviction que le sport peut rapprocher les gens et guérir les blessures. Je suis rentrée chez moi et j'ai immédiatement décidé de créer la Fondation Tegla Loroupe pour la paix - je suis également ambassadrice des Nations unies et de l'Unicef pour le sport - afin de soutenir la coexistence pacifique, notamment par le biais de la course à pied. J'ai d'abord pensé aux communautés rurales du Kenya, de l'Ouganda et de tout le Soudan : nos programmes relancent le dialogue entre tous, la réintégration dans les communautés de ceux qui ont combattu et la relance économique. Grâce au sport, nous encourageons les solutions aux conflits et les initiatives visant à réduire la pauvreté et à réhabiliter les personnes démunies. Nous pensons aux écoles pour les enfants, dont beaucoup sont devenus orphelins à cause des guerres. En bref, le bien-être qu'apporte le sport n'est pas seulement un fait physique mais concerne toute la personne et ses relations.

L'un des programmes phares de la Fondation est le sport pour les réfugiés : il s'agit de leur donner de nouvelles chances dans la vie. Les enseignements du pape François sont également très favorables à cet égard. Nos efforts ont contribué à faire admettre l'équipe de réfugiés, pour la première fois, aux Jeux olympiques de Rio de Janiero en 2016, sous les auspices du Comité international olympique. Je suis fermement convaincu que le sport est un "instrument" de paix et aussi de développement social, à promouvoir avec l'idée - toujours affirmée par le pape François - de ne laisser personne de côté, quelles que soient les circonstances.

Préface du livre sur les pensées du pape François sur le sport