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Retour TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU Je remercie Dieu pour ma vie ! Ottmar a remporté deux Leagues des champions comme entraineur de football Avant le match de l’équipe de Suisse samedi au Luxembourg, rencontre avec Josef Hochstrasser, biographe et ami intime du sélectionneur national Ottmar Hitzfeld. «Vous voyez, c’est là que je joue au foot tous les samedis matin
depuis 1982. Et l’après-midi, je célèbre des mariages.» Nous voilà sur
le terrain de Josef Hochstrasser, dans les environs d’Aarau, là où il a
croisé la route d’Ottmar Hitzfeld il y a un quart de siècle. Prêtre
devenu pasteur suite à son mariage, l’homme est un intime du
sélectionneur national. Il lui a consacré une biographie (aux éditions
Scherz), il est son partenaire de cartes, son confident parfois. A
l’entame de la dernière ligne droite sur le chemin qui doit mener
l’équipe de Suisse à la Coupe du monde 2010, il raconte son ami : L’équipe de Suisse ira-t-elle en Afrique du Sud? - Oui, j’en suis convaincu. Ottmar va faire comprendre aux joueurs que ce match au Luxembourg sera aussi dur qu’un match contre la Grèce. Parce que s’ils se disent qu’il n’est pas possible de perdre deux fois contre un tel adversaire, cela peut être dangereux. Ce sera avant tout une affaire de psychologie. Mais en la matière, Ottmar est un as, quelqu’un d’une extrême compétence. – A propos de Luxembourg, impossible de ne pas évoquer cette incroyable défaite, il y a un an. Quelle fut la réaction d’Ottmar Hitzfeld? - Ça a été un grand choc. Le Blick a tout de suite titré «Hitzfeld cherche du réconfort auprès du pasteur». Ce n’est pas vrai. Après le match, comme souvent, nous n’avons pas parlé tout de suite. Des fois, c’est lui qui appelle. Cette fois, c’est moi qui l’ai appelé, deux jours après, en ami. J’ai senti qu’il avait déjà remis les choses à plat. Il a une telle expérience… Son épouse, comme moi-même, avons été utiles mais pas indispensables. Il n’a besoin de personne: Ottmar Hitzfeld parle avant tout avec Ottmar Hitzfeld. Il connaît ses forces, il a cette capacité à toujours se remettre en question. J’ai souvent constaté qu’après une défaite, une nuit lui suffit pour retomber sur ses pattes. – Comment l’avez-vous rencontré? - Il est arrivé comme entraîneur à Aarau en 1984 et, en tant que fan de football, j’étais content de le voir de temps en temps à l’église avec sa femme et son fils. Notre relation a vraiment démarré une semaine avant la finale de Coupe contre Xamax, en mai 1985, lorsque nous avons mangé ensemble. Cela aurait pu s’arrêter là mais nous nous sommes rendu compte qu’entre la théologie, la psychologie, le football et les cartes, nous avions beaucoup de passions en commun. – Racontez-nous vos parties de cartes - On joue ensemble contre les femmes et nous gagnons toujours, enfin presque… Quand nous perdons, c’est qu’il y a eu une injustice. Il est engagé, comme il l’était sur le terrain. Quand je jette la mauvaise carte, il n’hésite pas à me le signaler. Mais comme avec ses joueurs, ses critiques sont toujours justifiées. C’est pour ça qu’il dégage une telle autorité. – Est-il mauvais perdant? - Ottmar ne veut jamais perdre. Mais il sait que la défaite existe et lorsqu’elle survient, il ne se cherche pas d’excuses. – Dans votre livre, vous racontez qu’un jour, il vous a demandé si on pouvait souhaiter la défaite de l’adversaire en permanence et être un bon chrétien. Est-il un bon chrétien? - C’est un bon catholique, parce que c’est une bonne personne. C’est un humaniste, qui se comporte avec honnêteté envers chacun. Il n’y a pas besoin de se confesser cinquante fois pour être humaniste. Lui prie beaucoup, peut-être plus que moi… Il ne le fait jamais pour obtenir un résultat, ce serait bête et naïf. Il prie dans un esprit de reconnaissance pour son parcours, sa vie. – On a l’impression qu’il est toujours en train de réfléchir… - Dans le contexte du football, il ne cesse d’analyser, il est dans la maîtrise. Mais dès qu’il en sort, il peut être comme un enfant, joueur et spontané. Quand il est dans son domaine de compétence, Ottmar Hitzfeld est dominant. Sinon, il est curieux, c’est celui qui pose les questions. Il y a beaucoup d’échange et de partage avec lui. – Le sélectionneur aurait fixé un «code d’honneur» aux joueurs de l’équipe de Suisse. En quoi consiste-t-il? - Ce code existe mais, malgré mes questions, il ne veut pas m’en parler. Il dit que cela doit rester à l’interne. J’essaie de le travailler à ce sujet, mais pour l’instant, il ne dit rien… – Quelles valeurs véhicule-t-il? - Il y en a une au-dessus de toutes les autres: le respect. Celui qu’il porte à chacun et celui qu’il reçoit en retour. Ce n’est pas un hasard si Günther Netzer raconte qu’Ottmar est le seul entraîneur qu’il n’a jamais entendu se faire siffler dans un stade. – A-t-il des faiblesses? - (Hésitation amusée, long silence, rires). C’est une réponse, non? Sur le plan du football comme sur le plan humain, à mes yeux, il n’en a pas. Dans le foot, il n’a pas commis de fautes. Peut-être d’avoir fait entrer Fink contre Manchester United en finale de la Ligue des champions 1999. Mais deux ans plus tard, le Bayern gagnait le trophée contre Valence. C’était à Milan, j’y étais. Quand il y a un échec, il se relève tout de suite. – C’était aux penalties, il a encore eu de la chance… - De la chance? N’importe quoi! Ça fait plus de 30 ans qu’il a de la chance! Il a quelque chose de plus que la plupart des autres entraîneurs, c’est tout. Prenez le cas de Grichting… Ce joueur qui ne valait rien sous Köbi Kuhn est devenu un pilier. C’est de la chance, ça? Non. Il parle aux joueurs, il veut les connaître. Streller vient de marquer deux buts et il n’est pas dans la sélection? Il l’accepte parce qu’il a entendu les arguments d’Hitzfeld. Sa chance, c’est un millier de petits éléments qu’il a lui-même rassemblés. Elle est provoquée. – Cette volonté de façonner son propre destin, ça commence par le coup de fil de 1971 à Helmut Benthaus, entraîneur du grand FC Bâle. - C’est ça. Il était attaquant au FV Lörrach, mais il savait qu’il pouvait jouer au FC Bâle. Il a eu peur de téléphoner à Benthaus, mais il l’a fait. – La fin de son deuxième mandat au Bayern Munich, au printemps 2004, c’était une faiblesse? Non, pas une faiblesse. Entraîner le Bayern pendant six ans, avec toute la pression que cela implique, personne n’avait tenu ça avant lui. Il avait simplement atteint ses limites. En 2001 déjà, il voulait arrêter, mais Uli Hoeness lui a dit qu’il devait rester. Sinon, il serait peut-être parti pour le Real Madrid, qui lui avait proposé un contrat dès 1995. – C’est un regret? - Le Real, c’était le club de ses rêves quand il était enfant, avec Puskas, Di Stefano, Gento… Mais bon, il ne parle pas l’espagnol et je pense que cela n’aurait pas été simple. Tiens, voilà une faiblesse d’Ottmar: les langues. – Quand Ottmar Hitzfeld vous a-t-il le plus surpris? - Le jour de Noël 1985, quand j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres 1000 francs et un petit mot signé Ottmar et Béatrix. J’avais perdu mon emploi un mois plus tôt, juste après mon mariage. – Qu’admirez-vous le plus chez lui? - Le fait qu’il puisse gérer sa notoriété sans jamais en dépendre. Il n’est pas du tout «accro» aux médias, si cela disparaissait, il n’y aurait pas de vide en lui. – Si vous deviez retenir un instant partagé avec lui? - Nous étions à Munich, sur le pas de sa porte. Tout à coup, il y a eu un bruit de choc sur la route et je l’ai vu devenir blême. Ottmar Hitzfeld est un amoureux des chats et là, il a tout de suite compris que le sien venait de se faire renverser par une voiture. De façon très solennelle, nous sommes allés chercher une pelle, nous avons creusé un trou dans le jardin, nous avons enterré le chat et nous nous sommes recueillis un bon moment. Ce jour-là, je l’ai vraiment vu souffrir.
tiré de letemps.ch Ottmar : Je n'ai jamais pu
envisager sérieusement de quitter l'Eglise. Elle m'offre encore et
toujours le cadre le plus adapté pour remercier Dieu de la vie qu'il
m'a donnée et de la force qu'il m'accorde pour me permettre d'accomplir
toutes mes tâches ... tiré de But, mieux que tous vos rêves / Société biblique de Genève
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