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TEMOIGNAGE DE SPORTIF DE HAUT NIVEAU
CHLOE ESPOSITO

               Dieu me guide, m'aide, pe protège !

En 2016, Chloe Esposito est devenue la première Australienne à remporter une médaille olympique en pentathlon moderne, pulvérisant le parcours avec sa brillante performance dans la discipline qui combine la course et le tir pour décrocher l’or. Avec son père comme entraîneur – il avait représenté l’Australie en pentathlon moderne aux Jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles – et son frère cadet Max qui a terminé septième dans la compétition masculine à Rio de Janeiro, les membres de la famille Esposito portent ce sport vers de nouveaux sommets dans leur pays natal. Même la sœur Emily, qui a participé à la compétition du tir au pistolet aux Jeux de Commonwealth, s’était qualifiée en pentathlon moderne pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2010 à Singapour.

Vous venez d’une famille au sérieux pedigree sportif : quel âge aviez-vous quand vous avez entendu pour la première fois le terme “pentathlon moderne” ?

Mon père m’a raconté pour la première fois son parcours lorsque j’avais 10 ans. C’est là que j’ai appris qu’il avait été aux Jeux Olympiques. Il m’a emmenée au garage où il y avait un grand sac plein de vieux souvenirs olympiques. Il l’a monté dans la maison et a commencé à tout sortir, et il nous a raconté à moi et à ma sœur tout ce qu’il a fait. Il y avait son maillot Speedo, sa vieille tenue d’escrime. On essayait tout !

Et ça vous a donné envie d’essayer ce sport ?

Je trouvais vraiment génial que mon père ait fait ça. Dès le plus jeune âge, nous avions toujours nagé et couru, dans le cadre de l’école aussi. Puis j’ai voulu commencer l’équitation en raison de la série TV "Grand Galop". Ça parlait d’un groupe de filles qui faisaient du cheval. Alors j’ai commencé l’équitation à 12 ans. Et comme je faisais aussi de la natation et de la course à pied, je me suis dit que je pouvais bien essayer les deux autres sports. On peut avoir un permis de port d’arme à 12 ans (en Australie), alors j’ai commencé le tir à 13 ans puis l’escrime à 14. À 14 ans, je pratiquais les cinq sports.

On peut dire que vous avez grandi dans un environnement concurrentiel ?

Entre ma sœur Emily et moi, c’était très compétitif. Comme elle était plus jeune que moi, je détestais quand elle me battait. En escrime, je la touchais, puis c’est elle qui me touchait, et ainsi de suite de plus en plus fort et ça devenait très agressif. Pour finir, on partait chacune de notre côté et on ne se parlait plus jusqu’à la maison. Et d’ailleurs on ne se parlait pas vraiment à la maison non plus... Elle était aussi très bonne à la course à pied et j’étais d’humeur massacrante quand elle me battait à l’entraînement. Entre Max et moi par contre, c’était complètement différent. Peut-être parce que c’est un garçon.

Votre maman est-elle, ou était-elle, aussi très sportive ?

Non, maman est l’exception. Elle est totalement l’opposé de nous. Quand elle était plus jeune, elle avait essayé une dizaine de sports différents. Elle a même fait du judo à une époque mais s’est cassé un ongle, alors elle a tout abandonné.

Qu’est-ce que ça fait d’avoir son père comme entraîneur ?

Je dis toujours que je n’aurais pas les résultats que j’ai sans mon père. Il sait exactement sur quel bouton appuyer, même si parfois ça m’énerve vraiment. Il y a des fois où je lui dis : “Papa, dégage!”, mais ensuite on arrête. L’entraînement est l’entraînement, et il faut voir son père comme un entraîneur et ne pas tout prendre à cœur. Ensuite, quand nous sommes à la maison, on essaye de ne pas parler de sport.
IOC

Vous vivez et vous entraînez à Budapest depuis un moment. Êtes-vous fan de goulash ?

Oui, j’adore ! Mais je n’en ai pas mangé depuis un moment et il fait un peu trop chaud maintenant. Les repas sont très, très lourds. Il y a de bons restaurants. Un de mes plats préférés est le langos. C’est un genre de pain frit avec de l’aïl. Ça fait longtemps que je n’en ai pas mangé mais c’est délicieux.

Vous vous êtes mariée après Rio 2016 et votre mari fait le trajet Australie-Budapest chaque fois qu’il le peut. Est-ce dur d’être loin l’un de l’autre ?

Oui, c’est dur. Je l’ai connu quand je vivais à Barcelone. Il vient d’Angleterre. Puis il a emménagé en Australie il y a quatre ans et a trouvé un très bon travail. Alors il n’a pas voulu me suivre ici et tout recommencer à zéro pour ensuite retourner en Australie et tout recommencer à nouveau. Du coup, on se voit tous les deux à trois mois. C’est dur, mais j’essaie de me qualifier pour les Jeux de Tokyo 2020. C’est dans seulement deux ans. Et c’est mon travail en ce moment, donc je vais en profiter au maximum. Après ça, je pourrai passer le restant de ma vie avec lui.
IOC

Lorsqu’il vient vous voir, est-ce que vous avez au moins l’occasion de partir en vacances, de voyager peut-être à travers l’Europe ?

Non (rires) ! Quand il vient ici, je suis à mon camp d’entraînement. Je lui ai dit la dernière fois qu’il est venu (il était resté pendant un mois) : "Je me rends compte comme ça doit être ennuyant et fatigant pour toi." Parfois, nous partons en week-end, nous passons deux nuits dans un hôtel sympa à Budapest, et nous avons du temps libre; mais la plupart du temps, il vient juste aux séances d’entraînement avec moi.

Quand est-ce que vous êtes la plus heureuse ?

J’aime bien avoir du temps libre en-dehors du sport. J’adore aller à la plage, mais je suppose que je suis la plus heureuse quand je me sens en forme mentalement et physiquement, quand je m’entraîne bien, que j’atteins ces petits objectifs que je me suis fixés. Ça, ça me rend vraiment heureuse.

Vous avez dit que décrocher l’or à Tokyo en 2020 était votre objectif. Comment allez-vous faire ? Et allez-vous continuer jusqu’à Paris 2024 ?

Je ne peux pas me contenter de faire ce que j’ai fait à Rio. Je dois faire mieux, parce que sinon les autres vont me rattraper. Tokyo est mon objectif final. Je suis sûre que mon frère va continuer le sport et, si je le voulais, je suis sûre que je pourrais aller à d’autres Jeux Olympiques. Mais mon mari m’a vue dans mes mauvais jours et m’a dit : "Non, non, après Tokyo tu arrêtes. Ça suffit. Je ne peux pas revivre tout ça encore une fois."

Et concernant votre foi ?

Avant, pendant et après la compétition, j'ai toujours prié Dieu pour qu'il me guide, m'aide et me protège. La prière m'a aidée à garder les pieds sur terre et à relativiser, sachant que la victoire n'est pas tout.