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PRIERES SPORTIVES
FOOTBALL EN NOCTURNE
	Souvent les hommes voudraient être ailleurs, dans le temps et dans l'espace, que là où ils sont, 
au moment où ils y sont C'est une dangereuse illusion.
La place de chacun dans le monde est le désir éternel du Père sur lui.
Pour réussir sa vie et faire réussir l'Humanité il doit être présent le plus parfaitement possible.
Sa vie est une oeuvre divine.
Il a été donné aux uns d'êtres apôtres aux autres d'être prophètes ou encore évangélistes,
ou bien pasteurs et docteurs organisant ainsi les saints
pour l'oeuvre du ministère en vue de la construction du corps du Christ
au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble à ne faire plus qu'un dans la foi
c'est de Lui que tout le corps reçoit concorde et cohésion...
selon le rôle de chaque partie opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité.
Ce soir au stade, la nuit remuait, peuplée de dix mille ombres,
Et quand les projecteurs eurent peint en vert le velours de l'immense pelouse,
La nuit entonna un choral, nourri de dix mille voix.
Car le maître de cérémonie avait fait signe de commencer l'office.
L'imposante liturgie se déroulait sans heurt.
Le ballon blanc volait d'officiant en officiant comme si tout avait été minutieusement préparé d'avance.
Il passait de l'un à l'autre, courait à ras de terre ou s'envolait au-dessus des têtes.
Chacun était à sa place, le recevant à son tour, d'un coup de pied mesuré,
il le passait à l'autre, et l'autre était là pour l'accueillir et le transmettre.
Et parce que chacun faisait son travail, à l'endroit qu'il fallait,
Parce qu'il fournissait l’effort demandé,
Parce qu’il savait qu'il avait besoin de tous les autres,
Lentement mais sûrement le ballon avançait,
Et quand il eut recueilli le labeur de chacun,
Quand il eut réuni le coeur des onze joueurs,
L'équipe souffla dessus et marqua le but vainqueur.

Lorsque péniblement, à la sortie, coulait l'immense foule, dans les rues trop étroites,
Je pensais, Seigneur, que l'histoire humaine, pour nous une longue partie, était pour Toi cette grande Liturgie,
Prodigieuse cérémonie commencée à l'aurore des temps
et qui ne se terminerait que lorsque le dernier officiant aurait accompli son dernier geste.
En ce monde, Seigneur nous avons chacun notre place;
Entraîneur prévoyant, depuis toujours tu nous la destinais.
Tu as besoin de nous ici, nos frères ont besoin de nous et nous avons besoin de tous.
Ce n'est pas le poste que j'occupe, Seigneur, qui est important,
mais la perfection et l'intensité de ma présence.
Qu'importe que je sois avant ou arrière, si je suis au maximum ce que je dois être.
Voici, Seigneur ma journée devant moi
Ne me suis-je pas réfugié sur la touche, critiquant les efforts des autres, les deux mains dans les poches ?
Ai-je bien tenu ma place, et quand Tu regardais notre terrain m'y as-Tu rencontré ?
Ai-je bien reçu la passe de mon voisin et celle de l'autre tout au bout de la pelouse ?
Ai-je bien "servi" mes équipiers sans jouer trop personnel pour me mettre en valeur ?
Ai-je "construit" le jeu pour que la victoire soit obtenue et que tous y contribuent ?
Ai-je lutte jusqu'au bout malgré les échecs, les coups et les blessures ?
N'ai-je pas été troublé par les manifestations des équipiers et des spectateurs,
découragé par leur incompréhension et leurs reproches, enorgueilli par leurs applaudissements ?
Ai-je pensé à prier ma partie, n'oubliant pas qu'aux yeux de Dieu
ce jeu des hommes est le plus religieux des offices ?
Je rentre maintenant me reposer au vestiaire, Seigneur, Demain, si Tu donnes le coup d'envoi,
je jouerai une nouvelle mi-temps, et ainsi chaque jour...
Fais que cette partie célébrée avec tous mes frères soit l'imposante liturgie que Tu attends de nous,
Afin que Ton dernier coup de sifflet interrompant nos vies, Nous soyons sélectionnés pour la coupe du ciel.

                                                      Père Michel Quoist