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Retour ALLOCUTION DE JEAN XXIII Le 25 janvier, le Saint Père a prononcé l'allocution suivante en recevant les participants à un congrès pour une nouvelle conscience sportive en Italie, organisé par la Société Dante Alighieri et la revue Il Veltro : : Chers Fils et chers Messieurs, La cordiale et paternelle bienvenue que Nous vous souhaitons est l'expression de Notre satisfaction pour les fins qui vous ont incités à participer au premier congrès national sur le sport. La société Dante Alighieri a voulu ainsi attirer plus vivement l'attention de l'opinion publique sur la nécessité d'une éducation sportive bien comprise, facteur très important pour le développement harmonieux de l'homme. Et, disons-le tout de suite, c'est une belle idée que de s'être inspiré du nom de l'Alighieri pour désigner une Société dont l'activité sportive, dans ses formes les plus élevées, trempe et ennoblit le caractère. C'est là, certes, une heureuse indication et en même temps un gage très prometteur qui méritait d'être signalé, car il rappelle cet idéal de vie ou les autres valeurs de la culture, transfigurées par la foi, trouvent un terrain fécond dans les forces physiques, vivaces, robustes, rompues à la résistance et à la discipline. C'est la sagesse du vieux dicton : " Mens sana in corpore sano ". Un esprit sain dans un corps sain, considéré dans son ensemble, dans une harmonieuse synthèse de grâce divine, d'intelligence, de volonté et de grâce physique. Notre pensée se reporte aujourd'hui aux lumineuses images de Notre rencontre du 24 août 1960 avec les jeunes athlètes venus de toutes les parties du monde pour la XVII° Olympiade qui se tenait à Rome. A cette occasion, Nous leur adressâmes des paroles de félicitation et d'encouragement, qui furent accueillies avec beaucoup d'enthousiasme. Il est naturel que votre Congrès ait trouvé une fervente collaboration dans le Comité olympique national italien, qui s'intéresse à la formation athlétique de la jeunesse dans un louable souci éducatif, et que, à cette occasion, la presse sportive italienne la plus qualifiée ait exprimé au Congrès ses sentiments de cordiale sympathie. Le sport dans Saint Paul Chers fils et chers messieurs, il Nous a semblé opportun de choisir pour notre rencontre la date du 25 janvier, fête de la conversion de saint Paul. Elle Nous est chère pour bien des motifs, en particulier parce que, il y a quatre ans, c'est ce jour-là que jaillit de Notre coeur, au monastère bénédictin de Saint Paul hors les murs, la première annonce du Concile oecuménique, qui est aujourd'hui en plein essor. Voyez : la fête liturgique de ce jour, avec la page admirable extraite des Actes des Apôtres décrivant la discipline intérieure et extérieure à laquelle l'Apôtre des gentils astreignait sa vie et son apostolat, indique bien l'intérêt que de tous temps l'Eglise a porté à la réalisation du parfait équilibre de l'âme et du corps. La figure de l'Apôtre Paul, avec son esprit plein de hardiesse et son corps doué d'une résistance physique extrême, exerce un charme particulier avant tout sur les jeunes qui par nature sont généreux, ardents, portés à l'enthousiasme et à l'imitation. D'ailleurs, saint Paul, dans ses Epîtres, se montre bon connaisseur de la vie sportive de son temps qu'il utilise pour illustrer d'une façon vivante les plus hautes vérités morales. Le prix proposé aux coureurs lui fournit la comparaison de l'élan avec lequel il faut courir sur la voie de la vertu et du détachement : " Courez afin de remporter le prix. 1 Co 9,24 ", l'exemple de la sobriété des athlètes, pratiquée en vue d'obtenir une couronne humaine, lui inspire une chaleureuse invitation à la tempérance et à la vigilance afin de remporter la couronne de l'éternelle félicité ; les règles du pugilat, où il ne faut pas frapper dans le vide, lui parlent de la fermeté et de la précision avec lesquelles doit être menée la lutte du chrétien : " Pour moi, je cours non comme à l'aventure ; je frappe non pas comme battant l'air. Mais je traite durement mon corps et je le tiens en servitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé. 1 Co 9, 26-27 ". Et au terme de sa vie, de la prison romaine où son corps était enfermé, mais d'où rayonnait plus vivante que jamais l'action pénétrant de son esprit apostolique, il pouvait écrire à son disciple Timothée : " J'ai combattu le bon combat, J'ai achevé ma course, j'ai gardé la foi, il ne me reste plus qu'à recevoir la couronne de justice qui m'est réservée. 2 Tm 4, 7-8 ". La formation du caractère et de la volonté par l'effort physique Ces précieuses indications peuvent éclairer et guider votre activité qui vise à la formation du caractère et de la volonté au moyen de la valeur éducative de l'effort physique fait de loyauté, d'assurance, de maîtrise de soi. D'autant plus que vous avez la conviction qu'on ne peut obtenir pleinement ce magnifique résultat si l'on ne met pas en valeur les dons spirituels de l'homme. C'est ce que Nous avons dit lors de l'audience aux participants des jeux olympiques dont Nous avons parlé : " les règles d'une saine éducation familiale et d'une bonne éducation de la jeunesse demandent de veiller à ce que, dans les compétitions sportives on ne se préoccupe pas uniquement du corps considéré comme le bien suprême de l'homme, et que la passion pour le sport n'en vienne pas à mettre obstacle au parfait accomplissement des devoirs de chacun. Il n'en est pas moins certains qu'il faut toujours apprécier et encourager vivement les exercices physiques honnêtes et les nobles compétitions du stade. Elles sont, en effet, nombreuses et précieuses les richesses et qualités développées dans l'homme par le sport. Qualités du corps : santé, vigueur, agilité des membres, grâce, beauté ; qualité de l'âme : constance, courage, habitude de l'abnégation. " Voilà ce que Nous disions en ce 24 août 1960. Nous savons que dans ce domaine s'est accompli et s'accomplit un bon travail, et Nous sommes heureux de vous en donner acte, d'autant plus volontiers que votre Congrès ouvre de nouveaux horizons à votre activité commune. Nous vous exprimons Notre paternel encouragement, avec l'assurance que vous serez parfaitement compris par les jeunes dont l'âme, grâce à votre dévouement, à votre travail, à votre vigilance, continuera de s'élever vers de plus magnifiques sommets. L'unité des chrétiens Chers fils, il y a enfin un aspect que Nous avons à coeur de soumettre à votre attention, en raison de l'importance qu'il revêt en ce moment. On sait que de tous les points du monde s'est élevée ces jours-ci la prière solennelle de l'Octave annuel pour l'Unité des chrétiens, prière à laquelle ont pris part tous les hommes de bonne volonté. Ce matin, comme le 18 janvier dernier, Nous avons offert le divin sacrifice à cette intention, et Notre prière fervente a fait écho à cette de Jésus lors de la dernière Cène : " Que tous soient un. " Jn 17, 21. Eh bien la grâce du Seigneur veut certainement se servir de tous les moyens, afin que les hommes se rencontrent, se connaissent, s'aiment, puis, par une autre voie, qui est le secret de la grâce céleste, arrivent à pénétrer et à vivre le précepte - car il s'agit d'un précepte du Seigneur - de l'unum sint, dans le seul bercail, sous la vigilance et la conduite de l'unique Pasteur. Le sport et le rapprochement des peuples Aujourd'hui, les barrières de la distance sont tombées, et les frères, rapprochés entre eux, sont portés à une plus grande compréhension, à une estime réciproque, ils sont désireux de se connaître, de s'aider. Dans cette rencontre providentielle, le sport a lui aussi sa place de choix bien méritée. Sur le plan des compétitions loyales, auxquelles participent les énergies toujours nouvelles des jeunes de tous les pays du monde, on est parvenu à des rencontres plus fréquentes et plus sereines entre les peuples, favorisant ainsi grandement le mouvement de rapprochement dans la charité. Dans cette direction aussi, quel champ s'ouvre à votre action, à votre influence ! Quel poids peuvent avoir les athlètes qui savent apporter dans cette rencontre universelle, outre la bravoure de leurs capacités physiques, la grâce aimable du caractère, la cohérence entre les convictions intimes et la vie, le témoignage d'âmes qui vivent joyeusement et généreusement le christianisme ! Telles sont, chers fils et chers messieurs, les réflexions et les espérances que votre présence a suscitées dans Notre coeur. Il Nous est agréable de vous souhaiter toute sorte sorte de consolation, en formant le voeu que votre activité atteigne sûrement ses buts les plus élevés, pour le bien physique et spirituel de la jeunesse chère à tous, très chère au coeur du Pape. A Nos voeux paternels s'ajoute le don de la Bénédiction apostolique ; puisse celle-ci attirer sur vous, sur vos familles bien-aimées et sur les organismes que vous représentez, l'assistance continuelle des divines faveurs. |