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Retour DISCOURS DE PAUL VI
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Juillet 1964
Nous sommes heureux d’accueillir aujourd’hui dans Notre Demeure d’été les participants des XVIIIèmes championnats de Ski nautique pour l’Europe, l’Afrique et la Méditerranée. Venus de vingt-cinq Pays, vous vous trouvez réunis auprès de ce beau lac d’Albano pour rivaliser d’habileté et faire triompher les qualités des meilleurs d’entre vous. Vous avez voulu être reçus par l’humble successeur de Pierre, le Vicaire du Christ. Et Nous vous sommes très reconnaissant de ce geste de courtoise déférence. A dire la vérité, étranger que Nous sommes au sport qui est le vôtre, Nous éprouvons quelque embarras à vous tenir un langage compétent et approfondi sur le ski nautique. Mais, vous le savez, Nos Prédécesseurs et Nous-même avons toujours éprouvé une sympathie pour le sport qui s’est maintes fois manifestée et qui porte sur ses diverses applications, du moment qu’elles sont bien pratiquées, qu’elles tendent à la formation et au développement harmonieux du corps humain, qu’elles misent sur les qualités de l’esprit et sur la maîtrise de soi. Votre expérience personnelle vous apprend tout ce que peut apporter à l’épanouissement de la personne humaine la saine pratique du sport; vous comprenez aussi que Nous éprouvions pour celle-ci de la bienveillance, de l’admiration, et que Nous ne manquions pas d’y encourager les jeunes. C’est pourquoi Nous avons cherché dans le patrimoine de l’Eglise, dans les trésors de 1’Ecriture et dans les souvenirs de l’hagiographie, quelques traits qui se rapportent de près ou de loin au sport que vous pratiquez. Il y a bien les pieuses traditions de ces saints qui marchèrent sur les eaux, tels Saint Raymond de Peñafort ou Saint Jean Canzio, et quelques autres, pour lesquels les eaux n’auraient jamais été un obstacle sérieux à leurs désirs brûlants d’évangéliser le monde. Mais Nous préférons de beaucoup Nous arrêter à cette scène grandiose que rapporte l’Evangile. Au milieu de la nuit, après avoir prié seul sur une colline, Jésus marche sur les flots pour gagner la barque de ses disciples, harcelée par le vent au milieu du lac de Génésareth: «A la quatrième veille de la nuit, il alla vers eux en marchant sur la mer» (Matth. 14, 25). Sans doute connaissez-vous cet épisode. Aux apôtres impressionnés par cette apparition insolit;, Jésus se fait reconnaître et Pierre, toujours primesautier, demande de pouvoir le rejoindre. Jésus l’appelle et Pierre, enjambant le rebord du canot où il se trouvait, s’avance sur les flots. Mais bientôt affolé par le vent et les vagues, le voilà qui s’enfonce, et le Maître le maintient tout en lui reprochant son manque de foi. Eh bien, on pourrait mettre en parallèle le ski nautique avec la scène évangélique que nous venons d’évoquer. Mais ce serait de piètre exégèse et Nous voulons plutôt en tirer pour vous une simple et profonde leçon, qui ne manquera pas de vous revenir en mémoire, chaque fois que vous vous livrerez à votre sport favori. Par l’empire sur l’élément liquide, le Seigneur Jésus voulut manifester aux apôtres encore hésitants, non pas un pouvoir merveilleux, mais qu’il était le Fils même de Dieu, le Maître de tout le monde créé et que son Message venait bien de Dieu et devait être cru; par cette marche sur les eaux, Jésus invite ses disciples à adhérer avec foi à toute la révélation chrétienne et aux réalités surnaturelles, qui ne se voient ni ne se touchent, mais qui n’en sont pas moins vraies que ce monde naturel qui tombe sous notre expérience. Que cette image de Jésus marchant sur le lac demeure donc gravée dans vos mémoires; qu’elle vous rappelle aussi que l’esprit doit maîtriser la matière, annonçant et préparant, en quelque sorte, la résurrection des corps, qui lui donnera son plein épanouissement (cfr. 1 Cor. 15, 43 ss.). Il Nous reste à former des voeux sincères pour vos compétitions pacifiques et loyales. Que les meilleurs gagnent et que tous améliorent leurs performances ! Et en gage de Notre bienveillance, Nous appelons de grand coeur sur chacun d’entre vous l’abondance des célestes Bénédictions. |