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Octobre 1905
J’éprouve une douce consolation à me trouver au
milieu de vous, très chers jeunes, qui représentez l’âge des nobles sentiments,
des actes généreux et des splendides victoires ; et Vicaire de Jésus-Christ, qui accoutumé à vivre dans la Compagnie des
Anges, trouvait aussi ses joies dans la jeunesse, comme Lui qui, regardant une
fois un jeune, l’aima, « intuitus eum dilexit eum », ainsi je ressens
moi-même le désir de vous dire combien je vous aime, et de vous demander de ne
pas me considérer seulement comme un père, mais comme un frère et un tendre
ami. Et avec ce sentiment j’approuve non seulement toutes vos œuvres dans
l’Action Catholique, mais j’admire et bénit de tout cœur tous vos jeux et
loisirs, la gymnastique, l’alpinisme, la natation, la course à pied, les
randonnées, les concours et les académies, auxquels vous vous consacrez ;
car les exercices physiques du corps agiront admirablement sur les exercices de
l’esprit ; car ces manifestations demandent vraiment du travail, vous
éloigne de l’oisiveté qui est père de tous les vices ; et car finalement
les mêmes compétitions amicales vous seront une image de l’émulation pour
l’exercice de la vertu. Pour cela, prenant comme un trésor les paroles du
plus jeune des Apôtres, bien-aimé du Divin Rédempteur, qui écrivait aux
jeunes : « Soyez forts et que la Parole de Dieu soit en vous, et vous
aurez vaincu le malin », je vous répète : - soyez forts pour garder et défendre votre foi,
alors que beaucoup la perdent, - soyez forts pour rester de fervents fils de
l’Eglise, alors que beaucoup lui sont rebelles, - soyez forts pour maintenir en vous la Parole de
Dieu et la manifester dans vos œuvres, alors que beaucoup l’ont banni de leur
âme, - soyez forts pour vaincre tous les obstacles que
vous rencontrerez dans la pratique de l’Action Catholique pour votre avantage
et celui de vos frères. N’ayez pas peur que l’Eglise avec ces avertissements
veuille vous imposer de graves sacrifices ou vous défendre des licites
réconforts, celle-ci veut seulement que votre âge vous devienne vraiment cher,
cet âge de l’espérance et des grands enthousiasmes ; de manière à ce qu’à
l’automne de la vie vous puissiez cueillir des fruits abondants, de ces fleurs
qui ont réjouis votre printemps : et pour cela je vous recommande de
mettre à la base de toutes vos œuvres la crainte de Dieu dans la piété
chrétienne. Et la piété vous est nécessaire, car, devant exercer
un apostolat sur vos compagnons, l’aide que le Seigneur, par voie ordinaire,
n’accorde qu’aux bons qui le lui demandent vous est nécessaire. La piété vous
est nécessaire pour atteindre le but de vos œuvres comme bon exemple, car, dit
le poète : « Les choses qui entrent par les oreilles stimulent
plus lentement les âmes que celles qui se présentent à nos yeux ». A ceci
le philosophe ajoute « la longue route qu’on parcourt avec des
préceptes, est rendue brève par les exemples » ; et pour ne pas vous
appliquer le proverbe connu « Il ne prêche pas d’exemple, par
l’exemple ». La piété finalement est nécessaire non seulement pour vous conserver bons chrétiens, mais
aussi pour ne pas dégrader votre nature d’homme. Je suis bien loin de juger avec sévérité le temps
présent, car il y a des hommes excellents de toute classe, de toute condition,
de tout âge ; mais mon cœur saigne à voir tant de jeunes qui, ayant oublié
d’être chrétiens, ont au moins terni en eux la dignité même des hommes.
Quelqu’un pourra trouver exagéré notre expression, car si tous reconnaissent
chez beaucoup l’indifférence pour la religion, une inobservance presque totale
des pratiques chrétiennes, tous ne sont pas persuadés que soit affaiblie la
dignité humaine. Et pourtant trouve-t-on chez beaucoup de ces indifférents ou non-pratiquants,
au moins les vertus naturelles ? Où
est l’obéissance raisonnable, le respect de l’autorité, la justice exigeante et
indépendante, le patriotisme désintéressé, le respect de la liberté, et, avec
ces principes introduits par Dieu dans nos cœurs, cette notion fondamentale de
ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse à nous-mêmes ? Oh ! Soyez persuadés, chers jeunes, que sans
une bonne base religieuse la simple honnêteté naturelle s’évanouit
également ; et donc je vous recommande à nouveau d’aimer la piété, de
pratiquer la religion, et alors vous serez forts aussi pour vaincre les aspects
humains, pour ne pas avoir honte d’être des chrétiens catholiques, non
seulement en parole, mais en acte ; et, de cette manière, conservant en
vous la parole de Dieu, c’est-à-dire toujours vivante la foi reçue au Saint
Baptême, car vos adversaires eux-mêmes qui se moquent apparemment de vous, en
eux-mêmes rendront hommage à votre vertu, et vous sans presque vous en rendre
compte obtiendrez dans leur conversion le plus splendide triomphe. Et que la Bénédiction Apostolique que nous vous
accordons de tout cœur à vous qui êtes présents, à vos compagnons au loin, à
vos familles et aux leurs, à vos études, à vos œuvres et à vos manifestations
sportives, soit le gage de ce triomphe, avec le vœu que celle-ci soit pour
tous, source des plus chers réconforts et des plus suaves consolations. |