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Retour DISCOURS DE JEAN-PAUL II
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Février 1980
Chers dirigeants et joueurs de l’Ascoli-Calcio ! J’accueille volontiers votre désir
de me rencontrer en audience, car je connais les aimables sentiments que vous
avec envers moi et aussi – comme me le confirme votre Evêque – la sincérité de
votre foi chrétienne. Je vous accueille d’autant plus volontiers que vous me
donnez de cette façon l’occasion d’accomplir un devoir envers mon vénéré
prédécesseur Paul VI, qui, il y a quelques années, au début de votre accession
au plus grand championnat national, reçut une demande analogue, à laquelle, il
ne put pas donner une réponse positive à cause d’autres engagements urgents de
son ministère. Voilà pourquoi la rencontre
d’aujourd’hui prend un caractère particulier et, dirais-je, plus précis et plus
riche. La parole que je vous adresse veut
être simple et sincère. Elle s’adresse à vos personnes, à la profession
sportive et s’étend par analogie, je
dirais plutôt, par association d’idées à la vie religieuse et morale. Je veux exprimer, avant tout, mes
félicitations à vous personnellement et en même temps au Club, auquel vous
appartenez, qui depuis sa fondation dans le lointain 1898 a obtenu des succès
mérités. C’est depuis cette date que l’Ascoli-Calcio est sur la brèche et peu à
peu, par l’effort unanime des techniciens et des athlètes, mais aussi par la
ferveur d’une citoyenneté enthousiaste et participative, est parvenu à
l’honneur de faire partie des clubs de football de série A et - ce qui compte
le plus – de vous mesurer avec ceux-ci dans de nombreuses compétitions. Cela
n’est pas rien, si on pense que la cité, aussi noble et antique soit-elle, est
relativement petite par sa superficie et le nombre de ses habitants. Je m’en
félicite de tout cœur ! Mais votre succès, les victoires
dont il est constitué et aussi les efforts et les sacrifices qu’il comporte, me
suggère de déplacer mon discours sur la valeur et la signification du sport
vers la valeur et la signification de la vie humaine, dont celui-ci est –comme
le confirme l’histoire- une manifestation importante et constante. A ce propos,
je me souviens d’une parole hautement significative de l’apôtre Saint Paul.
Dans la première de ses deux lettres aux fidèles de la cité de Corinthe, qui
fut dans la Grèce antique le siège fameux des Jeux Isthmiques, il veut donner
un enseignement approprié, de caractère religieux, sur la pratique de la
compétition. Pour exhorter ses fils que « j’ai engendrés dans le Christ Jésus par l’Evangile » et les
encourager à l’imiter (1 Co 4,15-16), Il évoque l’image, habituelle pour eux,
des coureurs et des lutteurs dans le stade, qui, pour obtenir le premier prix
réservé à un seul, se soumettent à toute sorte de sacrifice : « Ceux-ci le font – commente l’apôtre -
pour obtenir une couronne périssable, nous une couronne impérissable »
(1 Co 9, 24-25). Voilà, très chers fils et frères,
la leçon que je désire vous proposer en souvenir de cette rencontre
familiale si agréable. Au souhait que votre profession sportive s’inspire
toujours des nobles idéaux de loyauté et de courage, de fair-play et d’esprit
chevaleresque, j’ajoute le souhait que votre profession chrétienne, qui, loin
d’être étrangère et en contradiction avec la première, doit plutôt l’intégrer,
avec l’apport bien sûr d’autres facteurs, et ensemble l’élever pour qu’elle arrive
à parfaire votre personnalité. Le christianisme est en soi une religion qui demande un engagement sérieux et fort dans le champ
spirituel et moral, particulièrement aujourd’hui
– aux yeux d’un monde très souvent distrait et indifférent – et ne devient crédible que s’il se traduit
dans la vie personnelle des chrétiens, par une profession de vie cohérente et
transparente. Profession - faites bien attention – veut dire presque
confession, c’est comme une déclaration et un témoignage et dans les faits
c’est ce qu’elle est. Pour vous le dire
plus simplement : comme vous êtes de braves footballeurs, cherchez aussi à
être de braves chrétiens, toujours fidèles au Seigneur, à son Eglise et à sa
Loi d’amour pour Lui et vos frères. Que la Bénédiction Apostolique propitiatoire, que je vous donne maintenant de tout cœur et que j’étends à vos familles et vos amis, vous conforte dans un tel engagement.
traduction : père Jean-Jacques Veychard |