Le
pape a reçu en audience, mardi 18 décembre au matin, une délégation du
Comité olympique national italien (CONI), accompagnée des athlètes qui
ont gagné une médaille aux Jeux olympiques et paralympiques de Londres
2012.
Chers amis,
Je suis très heureux de vous accueillir, vous les dirigeants du Comité
olympique national italien et surtout vous autres, athlètes qui avez
représenté l’Italie aux récents Jeux olympiques de Londres. Je vous
salue bien cordialement, en commençant par le président du CONI, le Dr
Giovanni Petrucci, que je remercie pour les aimables paroles qu’il m’a
adressées en votre nom à tous.
L’été dernier, vous avez participé au plus grand événement sportif
international : les Jeux olympiques. Sur cette scène, vous vous êtes
confrontés à d’autres athlètes venant de presque tous les pays du
monde. Vous vous êtes défiés sur le terrain de la combattivité et des
habilités techniques, mais avant même cela, sur celui des qualités
humaines, mettant en jeu vos dons et vos capacités, acquis par
l’application et la rigueur dans la préparation, la constance dans
l’entraînement, la conscience de vos limites. Loin des projecteurs,
vous vous êtes soumis à une rude discipline et certains d’entre vous
ont pu voir reconnue ensuite la valeur qu’ils ont acquise.
Il me semble qu’à Londres, vous avez conquis 28 médailles, dont 8
médailles d’or ! Mais à vous, les athlètes, il n’a pas seulement été
demandé de faire de la compétition et d’obtenir des résultats. Toute
activité sportive, que ce soit au niveau amateur ou professionnel,
exige la loyauté dans la compétition, le respect de son propre corps,
le sens de la solidarité et de l’altruisme, ainsi que la joie, la
satisfaction et la fête. Tout cela présuppose un chemin de maturité
humaine authentique, fait de renoncement, de ténacité, de patience et
surtout d’humilité, que personne n’applaudit mais qui est le secret de
la victoire.
Pour que celui qui pratique un sport puisse lui donner tout son sens,
il faut que celui-ci soit toujours au service de la personne. L’enjeu
n’est alors pas seulement le respect des règles, mais la vision de
l’homme, de l’homme qui fait du sport et qui, en même temps, a besoin
d’éducation, de spiritualité et de valeurs transcendantes. Le sport est
en effet un bien éducatif et culturel, capable de révéler l’homme à
lui-même et de l’amener à comprendre la valeur profonde de sa vie. Le
concile œcuménique Vatican II parle du sport à l’intérieur de la
Constitution pastorale Gaudium et spes, dans le vaste contexte où est
mise en évidence la capacité interprétative de la vie, de la personne
et des relations. Le Concile souhaite que le sport contribue à affiner
l’esprit de l’homme, permette aux personnes de s’enrichir par une
connaissance réciproque, aide à maintenir l’équilibre de la
personnalité, favorise des relations fraternelles entre les hommes de
toutes conditions, de nations et d’origines diverses (cf. n. 61). En
somme, une culture du sport fondée sur le primat de la personne humaine
; un sport au service de l’homme et non pas l’homme au service du sport.
L’Eglise s’intéresse au sport, parce que l’homme lui tient à cœur, tout
l’homme, et elle reconnaît que l’activité sportive a une incidence sur
l’éducation, la formation de la personne, les relations et la
spiritualité. En témoigne la présence d’espaces ludiques et sportifs
dans les paroisses et dans les centres pour les jeunes ; les
associations sportives d’inspirations chrétiennes le démontrent, étant
des lieux d’apprentissage d’humanité, des lieux de rencontres où
cultiver ce désir fort de vie et d’infini qui est dans le cœur des
adolescents et des jeunes. L’athlète qui vit intégralement son
expérience devient attentif au projet de Dieu sur sa vie, apprend à
écouter sa voix dans les longs temps d’entraînement, à le reconnaître
dans le visage de leurs compagnons, et aussi dans celui de l’adversaire
de compétition !
Quand elle est vécue en plénitude, l’expérience sportive peut «
contribuer à répondre aux questions profondes que posent les nouvelles
générations sur le sens de la vie, son orientation et son objectif »
(Jean-Paul II, Discours au Centre sportif italien, 26 juin 2004, 2) ;
elle sait éduquer aux valeurs humaines et encourage l’ouverture à la
transcendance. Je pense donc à vous, chers athlètes, comme à des
champions-témoins, avec une mission à accomplir : puissiez-vous être,
pour ceux qui vous admirent, des modèles valables à imiter. Mais vous
aussi, chers dirigeants, ainsi que les entraîneurs et les divers
acteurs du monde du sport, vous êtes appelés à être les témoins d’une
bonne humanité, les coopérateurs des familles et des institutions de
formation de l’éducation des jeunes, les maîtres d’une pratique
sportive toujours loyale et transparente. La pression pour obtenir des
résultats significatifs ne doit jamais pousser à recourir à des
subterfuges comme c’est le cas avec le doping. Que l’esprit d’équipe
soit un aiguillon pour éviter ces voies sans issue, mais aussi un
soutien pour celui qui reconnaît s’être trompé, afin qu’il se sente
accueilli et aidé.
Chers amis, en cette Année de la foi, je voudrais souligner que
l’activité sportive peut éduquer aussi la personne à une combattivité
spirituelle, c’est-à-dire à vivre chaque jour en essayant de faire que
le bien soit vainqueur du mal, la vérité du mensonge, l’amour de la
haine, et cela tout d’abord en soi-même. Si l’on pense ensuite à
l’engagement de la nouvelle génération, le monde du sport peut aussi
être considéré comme un « parvis des gentils » moderne, c’est-à-dire
une occasion précieuse de rencontre ouverte à tous, croyants et
non-croyants, où expérimenter la joie et même la fatigue de la
confrontation avec des personnes différentes par leur culture, leur
langue et leur orientation religieuse.
Je voudrais conclure en évoquant la figure lumineuse du bienheureux
Pier Giorgio Frassati : c’était un jeune qui faisait l’unité en lui
entre sa passion pour le sport - il aimait particulièrement les
ascensions en montagne - et sa passion pour Dieu. Je vous invite, chers
athlètes, à lire sa biographie : le bienheureux Pier Giorgio Frassati
nous montre qu’être chrétien signifie aimer la vie, aimer la nature,
mais surtout aimer son prochain, en particulier les personnes en
difficulté. Je souhaite à chacun de vous de goûter la joie la plus
grande : celle de s’améliorer de jour en jour, en réussissant à aimer
toujours un peu plus. Je le demande au Seigneur Jésus comme un don pour
Noël. Je vous remercie d’être venus et je vous bénis de tout cœur,
ainsi que vos proches.