|
Retour 3° SEMINAIRE INTERNATIONAL DU VATICAN La présence chrétienne dans le sport à la lumière des enseignements de l'Église
Mgr Carlo Mazza * Localisation Cette réflexion se limite uniquement et exclusivement aux expressions linguistiques, culturelles, anthropologiques et pédagogiques que l'on trouve dans les annales du Magistère pontifical. Il s'agit donc d'une contribution très spécialisée, limitée dans son champ de recherche. Mes considérations reflètent une interprétation sympathique du mot "pontifical" et non une "approche critique" dans le sens scientifique de cette expression. Je voudrais suggérer à ceux qui souhaitent une étude plus exhaustive de ce thème de se référer aux différents textes déjà publiés qui constituent un point de départ et un patrimoine de base dont ils peuvent tirer des lumières, des orientations et des idées pratiques pour leur réflexion. Le risque prévu semble être celui d'être répétitif, ou de devoir recommencer au sommet comme si nous n'étions qu'au début. Cependant, il faut noter qu'il existe déjà une connaissance largement désamorcée des textes pontificaux qui enrichissent progressivement la discussion dans ce domaine. Il y a aussi une volonté de certains de considérer ces textes comme fondateurs et à tel point qu'ils leur ont permis de s'absorber intérieurement dans leur mode de pensée. Quant à ma réflexion d'aujourd'hui, il faut immédiatement constater que le moment présent est marqué par une grande confusion. Il y a donc un grand besoin d'une nouvelle saison d'associations sportives catholiques qui puisse surmonter l'actuelle fragmentation culturelle et organisationnelle en s'établissant comme un mouvement unifié et unique. C'est une chose essentielle si elle veut se distinguer dans le vaste monde des médias sportifs et des réalités territoriales complexes. Nous cherchons notre objectif au sein du vaste Magistère des Pontifes concernant le sport, où nous recherchons quelques éléments de base qui justifient et fondent les efforts des chrétiens qui, par le biais de l'association, sont librement engagés dans le monde du sport, que ce soit au niveau ecclésial ou civique. Notre thème sera développé en deux parties. La première cherchera à donner de nombreuses raisons pour lesquelles les chrétiens devraient s'engager dans ce qu'on appelle le "mouvement sportif". La seconde abordera les motivations pour "relancer" ce même engagement dans la société post-moderne et dans la pastorale de l'Eglise. 1. Raisons de cet engagement Tout au long du siècle dernier, alors que le sport s'est développé au point de devenir un phénomène de masse, l'Eglise a porté son attention sur lui de manière de plus en plus concentrée. Avec conviction, précision et prévoyance, l'Église a invité les chrétiens à participer à ces activités, capables de définir leur nature, leur but et leurs valeurs. C'est une invitation magistrale à lier la foi à l'action sociale. Cela doit être accompli par des efforts authentiques qui reflètent le paradigme social cathoïque mis en œuvre dans la société par le biais d'intermédiaires, stimulé par le principe de subsidiarité tel qu'il se trouve dans la doctrine sociale de l'Église. Dans cette perspective, la "voix" de l'Église crée une manière structurée de penser le phénomène sportif. Tout d'abord, dans une perspective "chrétienne", elle cherche à mettre en évidence tous les aspects positifs du sport qui favorisent le développement de la personne et de la société. Ensuite, et de manière plus concrète, elle cherche à promouvoir les structures et à mettre en place des organisations compétentes et capables de rendre efficace la "voix" de l'Église dans le milieu sportif. Pour résumer nos réflexions jusqu'à présent, la question réelle et urgente qui se pose en cette période d'expansion rapide du sport peut être posée ainsi : Comment donner au sport une finalité "éducative et sociale" constructive et viable qui empêche qu'il ne soit dénaturé ? Nous savons tous que le sport peut être soit utile, soit nuisible aux jeunes générations en ce qui concerne les effets qu'il peut avoir sur leurs choix éthiques et religieux. Cette question reflète le souci compréhensible et naturel de l'Eglise d'éclairer les éducateurs - avec des connaissances à la fois théoriques et pratiques - qui forment la jeunesse par le biais des programmes sportifs affiliés à l'Eglise. Dans tout cela, l'Église a cherché, d'une part, à éviter que la jeunesse catholique ne soit entraînée dans un phénomène qui était de plus en plus monopolisé par l'éducation publique et les programmes gouvernementaux, provoquant ainsi la perte de l'énergie la plus prometteuse de l'Église. D'autre part, l'Église catholique a cherché à renforcer et à élargir la base spirituelle et éthique des activités sportives dans tous les domaines, car elles risquaient d'être entachées par une idéologie matérialiste. D'une manière générale, mais avec des arguments suffisants, nous nous concentrons maintenant sur trois orientations données par l'Église qui font spécifiquement référence à l'importance et à l'urgence de la présence active des catholiques dans le sport. 1.1. Les principes chrétiens libèrent le sport Par-dessus tout, la conviction de l'Église que les principes chrétiens rendent le sport plus vrai, plus conforme à sa nature et plus utile à la société, dans la mesure où ils respectent le développement intégral de l'athlète, semble désormais évidente. Dans la période de l'après-guerre, cependant, le discours papal le plus éclairant et le plus complet à cet égard, avec des points de raisonnement surprenants et absolument novateurs, a été prononcé par Pie XII lors d'une audience avec le Centre Sportif Catholique Italien (CSI) en octobre 1955. 1 Le Saint-Père a proposé un examen détaillé des différents aspects de l'activité sportive qui vont de l'ordre technique à celui du psychologique et du spirituel tout en plaçant tous ces points dans le contexte de la sauvegarde de la dignité de la personne et en orientant tous ses objectifs en fonction du bien ultime du sport lui-même. Pour mieux comprendre la nouveauté des paroles du Pape Pacelli, il pourrait être utile de considérer l'analyse claire offerte par un témoin oculaire de cet événement, celui de Giovanni Battista Montini ( qui deviendra plus tard le Pape Paul VI ) En fait, le Pape Montini, dix ans plus tard, se souvient de manière autobiographique, les circonstances de ce discours, car il témoigne du "grand intérêt, de la bienveillance et de la gentillesse de son prédécesseur, du soutien le plus audacieux et le plus provocateur ( du sport ) qui a étonné et séduit son auditoire par son élucidation contemporaine et sa vivacité d'expression ; nous, employés au service quotidien du Siège Apostolique aux côtés du Saint-Père, avons été des témoins touchés et émus par sa sollicitude pour votre institution bien établie. " 2 A l'issue de la présentation gymnique sur la place Saint-Pierre organisée à l'occasion du dixième anniversaire du Centre Sportif Italien, Pie XII a chaleureusement exprimé sa gratitude pour "la joie de passer ce moment avec eux et d'admirer ce superbe spectacle de la fraîcheur de la jeunesse, offert par leur foule d'athlètes" qui, comme il l'a noté avec clairvoyance, semblait "représenter toute la jeunesse chrétienne". 3 Il met ainsi en évidence le thème de la pastorale de la jeunesse chrétienne qui lui est particulièrement cher, en le plaçant au centre de l'attention des éducateurs et formateurs catholiques. Dans son discours, Pie XII a défendu un principe de base pour une vision chrétienne du sport, à savoir la nécessité de "puiser dans les principes chrétiens les motivations et les normes capables de préserver le sport des affres du matérialisme et de l'élever à des niveaux dignes d'une âme spirituelle et immortelle". 4 On voit ainsi comment la foi chrétienne, loin d'être éloignée ou indifférente au sujet du sport, doit s'impliquer directement dans le sport et même devenir celle qui lui donne sens et authenticité en sauvegardant la dignité de la personne et en favorisant sa capacité inhérente à faire progresser la perfection humaine. Il est intéressant de noter comment le Saint-Père, avec une intuition historique et sociale aiguë, est soucieux de contextualiser ses réflexions dans l'état actuel des choses. Il déclare : "Avec l'arrivée de ce siècle, le sport a pris de telles proportions (...) qu'il constitue un phénomène typique de notre société moderne. Cette importance croissante a généré à son tour des problèmes et des débats dans le domaine de l'éducation, de la pratique religieuse, de la moralité ... que l'Église ne peut ignorer, car elle est toujours appelée à promouvoir une réponse organisée à ces nouvelles demandes". 5 Dans cette optique, il est nécessaire que l'Église insiste fortement sur la présence des chrétiens au sein du mouvement sportif. Par leur témoignage actif et forts de leur compétence et de leur savoir-faire, les chrétiens ont un impact sur l'activité sportive en l'enrichissant "de vertus naturelles et chrétiennes, sans lesquelles le sport ne pourrait se développer pleinement, mais serait inévitablement prisonnier d'un matérialisme fermé sur lui-même". 6 Dans cette perspective éthique, il semble nécessaire de recourir à des initiatives qui visent à "sauver" le sport. Selon les différents aspects qui se rapportent à chaque sphère particulière du sport, ces initiatives dépendent nécessairement de l'effort proactif, vertueux et efficace des laïcs chrétiens, qui sont appelés à être des intermédiaires crédibles et persuasifs dans le monde du sport. Par conséquent, le Pape a ouvertement indiqué que l'une des tâches, parmi d'autres, confiées aux catholiques qui appartiennent à des associations sportives, est celle d'"être une influence chrétienne dans le monde du sport" ; ceci exprime à la fois un objectif immédiat pour ce moment et une "tâche pour l'avenir". 7 Ainsi, l'idéal à rechercher est celui d'une "présence" efficace et permanente dans l'activité sportive d'aujourd'hui et de demain. 1.2. Les objectifs de l'Eglise en matière de sport Deuxièmement, nous voyons l'intention du pape Pie XII de clarifier les véritables objectifs de l'Église dans la promotion d'une présence chrétienne dans le domaine des activités sportives qui s'exprime et se transmet dans la sphère publique avec un langage propre à celui du sport. La préoccupation de l'Église se manifeste typiquement comme une valeur ajoutée prudentielle, capable d'apprécier correctement les activités humaines et de leur inculquer la dignité qui leur est propre. Le Saint-Père a immédiatement précisé qu'avec cet enthousiasme pour la création d'une association sportive chrétienne, l'Église "ne cherche pas à avoir le monopole de la détermination des activités". Elle recherche plutôt ce qui "complète et intègre ce qui manque à de nombreuses idées, activités et actions qui, parfois, soit par excès, soit par défaut, soit parce qu'elles ne reposent pas sur un idéal, ne sont pas en mesure de répondre aux normes de la dignité chrétienne, et parfois même sont contraires à celles-ci (...). " 8 Il ne s'agit donc pas de déformer l'essence du sport mais de compléter ce qui pourrait manquer dans le domaine des valeurs. En fait, nous pouvons voir comment l'Église est poussée à l'action par des motivations éthiques et fondées sur des valeurs pour accomplir une mission à la fois complémentaire et supplémentaire et non par une quête de domination ou de "kidnapping" du sport pour ses propres fins. En dernière analyse, la plus grande préoccupation de l'Église est celle de la personne humaine dans sa globalité. Pis XII a clairement indiqué que le Centre Sportif Italien, en opérant dans le monde du sport, "veut être un modèle ad extra, dans un domaine où il est facile de négliger les plus hautes valeurs de l'esprit" ; à tel point qu'il a insisté avec force : "Vous devez être levain chrétien dans le stade". 9 Les "motivations" de l'appel de l'Eglise à une action spécifique et à une présence chrétienne dans le sport semblent désormais claires. Cet encouragement explicite vise à rendre le sport digne de l'homme et de sa vocation. En fait, le Pape Jean XXIII est très franc et va droit au but : "L'Eglise veut avoir une influence dans le sport, comme une tâche désignée qui fait partie des multiples facettes de sa mission. Non seulement l'Eglise peut mais elle doit prendre en considération le monde du sport." 10 1.3. Le sport au service de la personne dans son ensemble Le Magistère pontifical révèle une préoccupation "anthropologique" incontournable pour le monde du sport : celle de la sauvegarde de la personne humaine dont les multiples dimensions et facultés sont engagées dans l'activité sportive. En effet, si l'on ne met pas en garde de manière critique contre la fascination "totale" du sport, le risque caché d'être totalement entraîné dans cette activité sans aucune réserve subsistera toujours. Il convient de rappeler que la voix autoritaire du Magistère ne s'exerce pas par le biais d'une exhortation générale mais se réalise en motivant les catholiques hésitants dans des circonstances spécifiques à être plus actifs dans la sauvegarde du sport de ses déviations possibles et dans la préservation de la personne de tous les risques qui menacent sa dignité et son intégrité. L'objectif du Magistère dans ce domaine peut être compris comme finalisé à la mise en évidence et au développement des valeurs humaines et spirituelles du sport qui se trouvent dans l'horizon de la personne. Loin de se réduire à de simples remontrances morales, la parole de l'Église est un stimulant pour les fidèles à exercer son attention sur le monde du sport car celui-ci touche, implique et engage directement les facultés complexes de la personne. Tout comme pour donner un exemple, le Magistère pontifical se concentre sur l'énumération des facultés spécifiques de la personne lorsqu'il explique que "l'éducation par le sport cherchera à développer les facultés de l'intellect et de la volonté, en particulier dans la compétition sportive". Les deux coïncident dans la formation active de la personne : "La première cherche à former les jeunes à leurs capacités de réflexion et de raisonnement, à apprendre à conserver leur énergie et à saisir la stratégie et la tactique de leur adversaire". Le second les entraîne à "l'exercice d'une préparation approfondie et méthodique, à la persévérance après une défaite, à l'endurance face à l'adversaire le plus fort, à la tolérance face aux revers, à la vaillance et à l'auto-amélioration". 11 Ici aussi, l'intérêt de l'Eglise est de défendre la vérité anthropologique de la personne qui serait compromise si elle se laissait dépasser par un sport qui tend à devenir une idole. En effet, "le sport ne doit pas être une fin en soi qui dégénère en culte de la matière pure. Il doit plutôt être au service de la personne tout entière". 12 Comme nous le savons, le monde du sport est avant tout un monde qui appartient à la jeunesse. Si l'on veut offrir aux jeunes un programme de formation intégrale par le sport, il est nécessaire que les activités sportives soient dirigées avec beaucoup de responsabilité et de soin. Par conséquent, "la noble entreprise consistant à offrir aux jeunes une association morale et chrétienne qui utilise la capacité incontestable du sport à favoriser une vie spirituelle authentique mérite sans aucun doute de nombreux éloges". 13 Il en découle la possibilité pour les catholiques d'être également présents et actifs au sein des associations sportives internationales. Ils pourront ainsi "faire entendre leur voix de plus en plus au sein des grandes instances dirigeantes du sport afin de leur rappeler non seulement la valeur éducative du sport mais aussi sa subordination propre à ces valeurs spirituelles qui seules constituent le fondement d'un véritable humanisme". 14 2. Conditions de la revitalisation du sport De ce qui a été dit jusqu'à présent, nous pouvons déduire quelques points clés d'orientation pour l'avenir. Il semble évident que la raison première et ultime d'une présence chrétienne dans le sport consiste à activer les "principes" dérivés de l'Incarnation du Christ et de son sacrifice rédempteur. Ceux-ci peuvent être traduits de manière succincte dans le domaine du sport et dans celui de la sauvegarde, de l'orientation et du développement du plein potentiel de la personne, quelle que soit l'étape de sa vie. Ainsi, la plus haute valeur de la personne - dans le contexte de l'anthropologie chrétienne - ne s'applique pas seulement aux niveaux compétitif et amateur du sport, mais doit être constamment et adéquatement appliquée au niveau de l'entraînement et de l'organisation. C'est le principe de la vérité pour le sport et c'est la raison substantielle et efficace de l'engagement de l'Église - et surtout des laïcs - dans ce domaine. Je me limiterai maintenant à quelques observations simples de nature pratique concernant l'approbation et le soutien d'une nouvelle saison d'engagement chrétien dans le monde du sport. 2.1. La personne et seulement la personne Sans aucun doute, étant donné le climat culturel et les modes de comportement actuels, l'enseignement de l'Église concernant la centralité de la personne dans le sport continue d'être considéré comme quelque chose d'irréprochable et de très nécessaire à maintenir à tous les niveaux du sport comme une condition sine qua non qui maintient le sens même du sport. Face aux menaces d'un nihilisme pratique et d'un consumérisme frénétique, il est urgent de replacer au centre de l'activité sportive la personne, dans sa condition la plus précieuse : "l'homme dans sa totalité". 15 L'affirmation précise et autorisée du Souverain Pontife est une expression très déterminante et équivoque qui mérite d'être appliquée à tous les domaines de l'activité sportive. Même aujourd'hui, alors que nous sommes assiégés par tant de périls, le sport continue d'être considéré comme "un moment important pour garantir l'équilibre et le bien-être total de la personne". 16 Il va sans dire que cette déclaration de principe a besoin d'être soutenue et appuyée par un programme auxiliaire qui devrait être connu et pratiqué en fonction des besoins de la population jeune à grande échelle, et des conditions préalables à la santé, au développement et à l'agrégation sociale. À cette fin, nous avons besoin d'une alliance entre le sport et la personne qui serait un effort chrétien. Basée sur leurs compétences et leurs aptitudes professionnelles et concrétisée par le vaste réseau de relations, cette alliance serait caractérisée par une solide spiritualité à la fois personnelle et communautaire et une véritable "passion" pour la personne humaine. De manière réaliste, un tel effort devrait être couplé aux ressources financières nécessaires, tout en étant toujours attentif à ne pas le laisser se dégrader en un simple échange de biens commerciaux. Parfois, en effet, une intervention monétaire est nécessaire ; néanmoins, celle-ci serait guidée par des critères éthiques fondamentaux de transparence absolue et de gestion exemplaire. 2.2. L'"environnement nourricier" des associations sportives Par conséquent, l'importance d'orienter les efforts vers l'environnement nourricier que le sport offre devient plus évidente. Le microcosme du sport constitue un environnement vivant où les différentes expériences de vie se croisent, se développent, se confrontent et s'harmonisent, qu'il s'agisse de celles de l'athlète ou de ceux qui l'accompagnent (c'est-à-dire l'entraîneur, le technicien, le médecin...) ou même de celles de l'amateur. C'est une sorte de laboratoire des relations humaines importantes qui, qu'elles soient positives ou négatives dans leur résultat, influent sur le développement humain de la personne. Si l'on veut avoir une influence positive sur le caractère de la jeunesse, il est nécessaire de reformuler l'identité du rôle de l'adulte qui se tient aux côtés et accompagne ces jeunes athlètes. En effet, les jeunes hommes et femmes "qui concèdent leur transmettent le goût du défi, le sens de la discipline, le courage d'être honnête et la joie du désintéressement". 17 Malgré ses contradictions et ses aspects négatifs, le monde du sport enseigne aux jeunes de nombreuses "leçons de vie" ; c'est un lieu où ils peuvent regarder les adultes, porter des jugements sur la réalité et projeter leur vie vers l'avenir. Bien que cela puisse être un défi, les chrétiens sont appelés à considérer le monde du sport comme une "communauté vivante". Comme l'a noté Jean-Paul II : "Ces dernières années, il a continué à se développer encore davantage comme l'un des phénomènes caractéristiques de l'ère moderne" et est "presque un "signe des temps" capable d'interpréter les nouveaux besoins et les nouvelles attentes de l'humanité". 18 2.3. Un nouvel humanisme du sport Enfin, au milieu des changements anthropologiques et socioculturels qui se caractérisent par la fragmentation des relations sociales et la perte du sentiment d'appartenance, se pose la nécessité d'un nouvel humanisme qui permette à l'homme moderne de se retrouver lui-même, de retrouver son but dans la vie et le sentiment de solidarité et de communion avec l'ensemble du genre humain. 19 Cet appel à un nouvel humanisme inaugure des horizons sans limites. C'est un appel à établir des relations et un mode de vie et de comportement qui soient inspirés par une éthique de solidarité, de fraternité et de responsabilité ; c'est la vie d'une "nouvelle personne" qui sait harmoniser les valeurs locales avec le global, la discipline de l'esprit avec le corporel, et la personne avec la société. Le sport possède en lui-même un charisme d'unité qui est valable pour les personnes, les cultures et les langues s'il est proposé et développé de manière authentique, exigeante et globale. Bien sûr, le sport "en soi" n'est pas l'ensemble de l'homme. Mais il a le potentiel de magnétiser les diversités et les différences de l'humanité d'une manière dynamique et unificatrice qui est à la fois complexe, satisfaisante et gratifiante sans être oppressante, fondamentaliste ou monoculturelle. C'est précisément la "souplesse" du sport qui lui permet d'offrir des possibilités multiples et multiformes aux personnes de tous horizons, tout en conservant son essence ludique et sa recherche de la perfection, dans la mesure où il respecte l'inviolabilité, la finalité intégrale et la dignité de la personne. Conclusion L'Eglise a toujours exprimé une sympathie "naturelle" pour le phénomène sportif. Elle reconnaît volontiers le bien-être physique, mental et spirituel qui en découle comme la raison et la motivation de cette activité et, à ce titre, elle en fait un instrument authentique de la perfection de la personne humaine. Par conséquent, l'Église a toujours soutenu et ne cesse de soutenir et d'encourager - à plus forte raison aujourd'hui - les efforts organisés des laïcs catholiques pour que le panorama complexe du sport soit suivi et soit toujours mis au service de la jeunesse et de toutes les personnes, y compris les faibles, les défavorisés et les handicapés, dans une vision globale de la vie bien ordonnée, orientée vers le bien commun et capable de reconnaître le merveilleux dessein de l'amour de Dieu pour toute l'humanité. * évêque de Fidenza, membre du Conseil pontifical pour les laïcs, il a été pendant de nombreuses années chef du bureau pastoral pour le tourisme, les loisirs et le sport de la Conférence épiscopale italienne, en plus d'être aumônier olympique. 1 Cf. Pie XII, Discours au Centre Sportif Italien, 9 octobre 1955. 2 Cf. Paul VI, Discours au Centre Sportif Italien, 20 mars 1965 (notre traduction). 3 Cf. Pie XII, Discours au Centre Sportif Italien, 9 octobre 1955 (notre traduction). 4 Ibid. 5 Ibid, 6 Ibid. 7 Ibid. 8 Ibid. 9 Ibid. 10 Jean XXIII, Discours au Centro Sportivo Italiano, 13 décembre 1959 (notre traduction). 11 Pie XII, Discours au CSI, 9 octobre 1955 (notre traduction). 12 IDEM, Discours à l'Association internationale de la presse sportive, 11 novembre 1951 (notre traduction). 13 Jean XXIII, Discours à la FICEP, 29 mars 1961 (notre traduction). 14 Ibid. 15 Jean-Paul II, Discours au Comité national olympique italien (CONI), 17 janvier 1985. 16 IDEM, Discours au Championnat du monde d'athlétisme, 2 septembre 1987. 17 IDEM, Discours au Stade Olympique de Rome, 31 mai 1990. 18 IDEM, Homélie à l'occasion du Jubilé du sport, 29 octobre 2000. 19 Cf. Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, n. 19. |