Loué sois-tu, Seigneur, par la pauvreté de la prière qui n'a pas grand-chose de sérieux a t'offrir. Mais...
Loué sois-tu, Seigneur et remercié pour la vie, la santé, la beauté et la joie que tu donnes à profusion, 
		et pour toute la splendeur de ta création.
Loué sois-tu, Seigneur, pour la lumière sur le stade, 
		la souplesse et la détente du corps qui bondit, 
				soudainement léger, et comme libéré de son poids de matière.
Loué sois-tu pour le soleil éblouissant sur la neige, 
		la griserie de la descente en ski, de l'appel de tout le corps, 
				pour la joie d'avaler les bosses, et le crissement de la neige au virage.
Loué sois-tu, Seigneur, pour le garçon qui fonce, passionné par son jeu sur un terrain vague, 
		et pour le grand champion applaudi dans l'arène olympique.
Loué sois-tu pour l'explosion de joie de celui qui franchit en vainqueur la ligne d'arrivée 
		et pour l'immense clameur qui, parfois, monte du stade.
Loué sois-tu, Seigneur, pour l'appréhension et l'angoisse vaincues, le saut... 
		et la descente solitaire entre ciel et terre.
Loué sois-tu pour le patin qui mord la glace, file comme une flèche, 
		pour tout ce qu'il y a de gracieux dans la danse et l'évolution des figures.
Loué sois-tu, Seigneur, pour l'audace et le risque, le pistonnage sur la paroi à pic, 
		et le vertige avant l'envol du tremplin au plongeoir.
Loué sois-tu par ce qui est plus merveilleux que le plus merveilleux des paysages : 
		la perfection d'un être humain, vivant, sportif, harmonieux, ce que tu as créé 
				de plus beau dans le monde après le chef-d'oeuvre de la Vierge Marie.
Loué sois-tu pour la souplesse et l'équilibre, I'adresse et l'agilité et pour tout le travail en force.
		Garde-nous du trucage, de la déloyauté, de l'hypocrisie, 
	autant que de l'orgueil, de la méchanceté brutale, et de la satisfaction égoïste de nous-mêmes.
		Reçois la souffrance éprouvée dans le sport, I'effort du cycliste, lâché par le peloton, 
	qui lutte sous la pluie, en côte ou contre le vent, 
		et toutes les déceptions, les échecs, les défaites, tous les effondrements.
	Accueille, dans ta bonté, celui qui se tuera en course...
Louez, glorifiez, portez Dieu dans votre corps, servez-le avec ardeur et beaucoup de joie.

								 Père Yves Brossard, 1961