Retour

MESSAGE DE PAUL VI
A L'OCCASION DES JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO

     A l'occasion des XVIII° jeux olympiques qui se sont ouverts à Tokyo le 10 octobre, le Saint Père a adressé le message suivant à S. Em. le cardinal Doi :

                A notre cher Fils le cardinal Pierre Tatsuo Doi, archevêque de Tokyo.

A l'approche des XVIII° jeux olympiques, Notre pensée se tourne avec estime et affection vers les nombreux athlètes du monde entier et vers la noble nation japonaise qui les accueille dans sa capitale, leur offrant en même temps que les magnifiques réalisations de son rapide progrès technique le parfum délicat de son hospitalité, les charmes suggestifs de sa beauté naturelle et, surtout, la majestueuse et captivante fascination de sa civilisation millénaire.

Avec leur climat de fraternité internationale, de sereine compétition entre jeunes, les jeux olympiques attirent l'attention de toute la population de la ville où vous exercez votre ministère pastoral. C'est donc pour Nous une grande consolation de pouvoir exprimer - comme si Nous étions présent à la grandiose cérémonie d'inauguration - Nos salutations respectueuses aux autorités de la nation, ainsi que Nos voeux paternels, sincères et fervents aux directeurs et à tous les athlètes.

L'Eglise a toujours mis beaucoup d'espoir dans les jeux olympiques, car elle voit en eux un sens profond et très humain qui doit être sauvegardé et développé. Saint Pie X reçut, en 1905, le baron Pierre de Coubertin, fondateur des modernes olympiades, encouragea et approuva sa noble initiative, et vit les premières manifestations merveilleuses de leur croissant succès. Pie XII exprima en diverses circonstances, notamment lors de l'inauguration du stade olympique de Rome, sa haute estime pour le rôle éducatif du sport et sa saine influence sur l'âme et le corps. Notre prédécesseur immédiat enfin, Jean XXIII, a eu la joie, le 24 Août 1960, de recevoir sur la place Saint Pierre, dans l'inoubliable lumière dorée des soirées romaines, les jeunes et vibrants participants aux XVII° jeux olympiques. Par la voie de ses papes, l'Eglise a donc toujours approuvé et béni ces nobles compétitions, leurs organisateurs et tous leurs participants. Continuant sur la terre la plénitude du Christ, le Verbe du Dieu incarné, l'Eglise à la mission d'accueillir, encourager et élever tout ce qui dans la nature humaine est beau, harmonieux, équilibré et fort. Elle n'ignore rien de ce qui est humain, de façon à tout transfigurer dans l'exaltante certitude de la Rédemption.

L'Eglise, comme on le sait, n'est pas étrangère au sport. Elle l'encourage et le bénit lorsqu'il n'est pas une simple manifestation de force physique, de rivalité exagérée, d'intérêts purement matériels, afin qu'il puisse devenir un instrument d'élévation conduisant les âmes aux belles et grandes choses de l'esprit. Ainsi que Pie XII l'a dit dans une belle synthèse, le sport " fortifie le corps, le rend sain, frais, dispos : mais pour la réalisation de cette oeuvre éducative, il doit se soumettre à une discipline rigoureuse, souvent dure, qui le domine et le tienne dans une vraie servitude : accoutumance à la fatigue, résistance à la douleur, habitudes de continence et de tempérance sévères, toutes conditions indispensables pour remporter la victoire. Le sport est un antidote efficace contre la mollesse et la vie commode, il éveille le sens de l'ordre, il forme à l'examen et à la maîtrise de soi, au mépris du danger, sans forfanterie ni pusillanimité. Vous voyez comment il dépasse la simple robustesse physique, comment il aboutit à la force et à la grandeur morale " ( aux athlètes romains, 20 Mai 1945 ).

Nous sommes donc heureux d'exprimer aux XVIII° jeux olympiques de Tokyo Nos voeux cordiaux les meilleurs. Puissent-ils donner satisfaction aux athlètes comme aux spectateurs, et produire dans les compétitions des résultats d'une valeur toujours plus grande. Puissent-ils contribuer à ce que les peuples connaissent et apprécient réciproquement leurs qualités et leurs valeurs. Puissent-ils créer des liens d'amitié durable, dépassant largement les étroites limites de l'espace et du temps, entre ceux qui rivalisent pacifiquement entre eux pour les palmes du succès. C'est ainsi que les athlètes, comprenant qu'ils sont frères tout en étant de différentes races et nations, mèneront leur vie professionnelle d'une façon qui leur fasse honneur, en contribuant au progrès social, à la compréhension mutuelle et à la paix dans le monde ; en apportant à la société le bel exemple de leurs convictions, exemple qui est bien symbolisé par la torche olympique, messagère de fraternité et de jeunesse.

Les voeux qui jaillissent de Notre coeur pour le plein succès des jeux olympiques s'unissent à Nos prières au Dieu tout-puissant pour qu'il protège et soutienne les chers athlètes dans leurs efforts physiques et dans l'harmonie supérieure de leur énergie morale ; qu'à eux, ainsi qu'à ceux qui se dépensent pour le succès des Jeux et aux nations auxquelles ils appartiennent, il donne toute la prospérité, l'ordre, la justice et la paix qu'ils désirent.

        Du Vatican, le 3 septembre 1964