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AUDIENCE GENERALE DE JEAN XXIII
AUX PARTICIPANTS DES JEUX  OLYMPIQUES DE ROME

A la veille de l'ouverture de la XVII° olympiade, S. S. Jean XXIII a accueilli sur la place Saint Pierre 3000 athlètes de plus de 70 nations auxquels il a adressé l'allocution suivante, en réponse à l'adresse d'hommage de M. Guilio Andreotti, ministre italien de la Défense nationale, président du Comité olympique :

        Chers athlètes participant aux jeux olympiques de Rome,

Sur cette place, près de l'obélisque qui fut érigé au centre du cirque de Néron et près duquel nous savons que Saint Pierre, le prince des apôtres, a subit le martyre, il Nous semble que les colonnades du Bernin vous saisissent dans leurs immenses bras pour vous présenter à Nous.

Nous désirons, avant tout, Nous réjouir du fond du coeur de votre présence, éprouvant à votre égard la même bienveillance que Notre prédécesseur d'immortelle mémoire saint Pie X lorsque, en 1905, il accueillit le baron Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux Olympiques, et encouragea vivement son initiative. Depuis longtemps Nous vous attendions, comme Nous l'avions déjà dit il y a quelque temps dans un entretien familier, et c'est bien volontiers qu'aujourd'hui Nous avons quitté Castel Gondolfo pour saluer, sur cette place Saint Pierre, vos rangs serrés et enthousiastes.

Puisse l'heureuse rencontre de ce soir, qui évoque tant de souvenirs, marquer profondément vos âmes, de sorte que chacun de vous ait une plus haute idée de la dignité propre de l'athlète et perçoive mieux le mystérieux appel spirituel de Rome.

Nous ne pouvons naturellement pas souhaiter la victoire à toutes les équipes ni à chaque athlète ; que les meilleurs gagnent. Cela ne Nous empêche cependant pas de former des voeux fervents pour que les épreuves des jours à venir soient fructueuses pour tous et que tous puissent en retirer des fruits abondants.

Ce qu'il faut apprécier avant tout, ce n'est pas la palme du vainqueur, mais le bon exercice physique. Les règles d'une saine éducation familiale et d'une bonne éducation de la jeunesse demandent de veiller à ce que, dans les compétitions sportives, on ne se préoccupe pas uniquement du corps, considéré comme le bien suprême de l'homme, et que la passion pour le sport n'en vienne pas à mettre obstacle au parfait accomplissement des devoirs de chacun. Il n'en est pas moins certain qu'il faut toujours apprécier et encourager vivement les exercices physiques honnêtes et les nobles compétitions du stade. Elles sont en effet nombreuses et précieuses les richesses et qualités développées dans l'homme par le sport. Qualités du corps : santé, vigueur, agilité des membres, grâce, beauté ; qualité de l'âme : constance, courage, habitude de l'abnégation.

C'est pourquoi Nous sommes certain qu'au cours des jeux olympiques vous donnerez à tous l'exemple d'une saine émulation, sans jalousie ni ressentiment ; dans les compétitions, faites toujours preuve de sérénité et de bonne humeur ; soyez modestes dans le triomphe, d'humeur égale dans l'échec, tenaces dans les difficultés ; montrez que vous êtes des vrais athlètes et prouvez à la multitude des spectateurs la vérité de ce vieil adage : Mens sana in corpore sano.

Avant de prendre congé de vous, Nous voulons attirer votre attention sur le rôle très important que le ciel a attribué à Rome, tant sur le plan humain que sur le plan religieux.

En effet, par une admirable disposition de la divine Providence, cette ville est devenue la capitale d'un empire se proposant de grouper dans une même civilisation et un même lien d'unité non seulement les peuples méditerranéens, mais aussi ceux des régions les plus lointaines.

Cette situation, particulièrement par le réseau de communications très développé et la langue commune qu'elle institua, a permis que, par une disposition divine, la ville de Rome devienne le centre tout indiqué de la religion chrétienne ; et, répondant à cette éminente dignité, elle s'est toujours employée de toutes ses forces, aujourd'hui comme au cours des siècles passés, à répandre dans tous les peuples les biens éminemment précieux du salut par l'Evangile, de la charité et de la paix.

Pour peu que l'on s'arrête à regarder Rome, la vérité de tout cela est attestée par les nombreux lieux et monuments de l'Antiquité dont la voix majestueuse ne peut laisser insensible les hommes de coeur. Et l'humble successeur de saint Pierre, qui vous parle aujourd'hui, souhaite vivement que vous portiez une oreille attentive à cette voix.

Enfin, en vous embrassant tous d'un regard ému, vous qui, malgré la diversité de vos nationalités, vous unissez fraternellement dans le même attachement à l'idéal des jeux olympiques, Nous implorons de tout coeur du Dieu tout-puissant, sur vous, vos parents et vos amis, l'abondance des dons célestes.