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ALLOCUTION DE PIE XII
A  DES SPORTIFS D'ORAN


                      13 Février 1956

     Le lundi 13 février, le Souverain Pontife reçut la société sportive d'Oran et lui adressa le discours suivant en français :
 
Nous sommes très touchés, chers fils, du témoignage d'affection filiale et de confiance, que vous voulez Nous rendre à l'occasion de votre passage à Rome. Vous savez que les sportifs sont particulièrement assurés de trouver auprès de Nous un accueil empresse et chaleureux. Tant de fois déjà Nous avons reçu des représentants d'associations sportives, des équipes, des champions auxquels Nous avons dit Notre estime et Notre intérêt. Nous apprécions beaucoup leur souci de développer, avec la vigueur et la souplesse du corps, les qualités morales de courage et d'endurance, comme aussi de maîtrise de soi et de respect d'autrui, sans lesquelles les compétitions dégénèrent vite en luttes âpres et brutales.
 
Puisque vous attendez de Nous une parole d'encouragement et d'exhortation, Nous voudrions vous inciter à pratiquer votre sport favori avec ardeur sans doute, mais aussi avec un maximum de correction. Le désir de remporter la victoire n'autorise jamais la dureté, les méthodes de jeu dangereuses, et moins encore le mépris de l'adversaire. Et si celui-ci commet une faute et manque à l'honnêteté et à la correction, rappelez-vous alors le précepte évangélique ; ne rendez pas le mal pour le mal, mais restez patients et calmes, pleinement maitres de vos sentiments.
 
Cette attitude si digne et si noble, inspirée de l'idéal chrétien, conservez-la dans vos rapports sociaux. Combien de fois les oppositions d'idées et d'intérêts, les revendications même légitimes, ne tendent-elles pas à dresser les hommes les uns contre les autres, à leur faire oublier les règles les plus élémentaires de la prudence et de l'humanité. Non, chers fils, ne perdez pas votre sang-froid ! Ecoutez plutôt la voix de l'Eglise, Mère de tous les hommes : elle a su dans sa longue histoire apaiser bien des luttes fratricides, parce qu'elle demeure au-dessus de tous les partis et rappelle à tous l'existence d'un Dieu de justice, qui ne laissera impuni aucun crime, d'un Dieu de paix, qui exige le pardon fraternel, mais saura aussi récompenser les plus humbles services et jusqu'au verre d'eau donné en son nom (Mc. 9, 40).
 
Que chacun de vous soit dans son milieu social un agent de paix et de compréhension ! Qu'il combatte pour la justice, mais avec les armes de la douceur et de la charité ! C'est la grâce que Nous implorons du Seigneur pour vous, en même temps que Nous la demandons pour vos familles et votre chère patrie. De tout cœur, Nous vous accordons Notre paternelle Bénédiction apostolique.